Une métaphore de voyage en train. |
D’abord, John Buchan écrit un roman sévère et snob, où
un modeste aristocrate écossais sauve l’Occident d’un complot allemand. En
l’adaptant au cinéma, Hitchcock gomme l’antisémitisme de bon ton d’avant-guerre,
efface le sens du titre (les 39 marches descendent du repaire des espions à la
plage), y injecte de l’humour et, pêché mignon de tous ses films, une blonde
qui en verra des vertes et des pas mûres.
Eric Métayer, reprenant l’intrigue du
film et le rôle du héros, s’entoure de trois comédiens qui jouent la centaine
de personnages secondaires. Le rythme est frénétique, le ton hilare, le
résultant souvent tordant.
Une arrestation mouvementée sur la scène du Mail. |
Plus que tourner le film en dérision, il
s’agit de se moquer du monde du théâtre, de ses pitoyables efforts pour nous
convaincre que nous voyons la réalité sur scène.
Mais au-delà des moqueries, le spectacle
en fait donne une éclatante leçon de théâtre. Trois passagers gigotent sur des
caisses, et la salle s’en réjouit bien plus que si tout un wagon avait été
monté sur scène. Dans les marécages de la Haute Ecosse, un homme habillé en
couette, criant « Je suis la Boue ! », tente d’engloutir l’héroïne.
Il y a quelques clins d’œil à la salle
qui font des comédiens des comiques, une regrettable confusion des genres. Mais
lorsque le héros, casque sur la tête, guidon et lampe attachés autour de la
taille, tient et agite le bout d’une longue écharpe blanche, l’acteur devient,
non pas pale copie d’un motard, mais, dans les mots d’Ariane Mnouchkine du
Théâtre du soleil, « créateur d’une métaphore ». Voilà la force du
théâtre.
L’Union
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