08/04/2011

Je t’aime moi non plus


Le premier atelier de la résidence de l’Arcade au théâtre du Mail plongeait ses participants dans « l’état tragique ». Le dernier de la saison actuelle vise la comédie, pour coïncider avec la pièce de Molière jouée récemment à Soissons. Eve Rouvière, qui prépare par ailleurs la mise en scène de « Tartuffe », a choisi celle-ci pour faire travailler ses stagiaires.
Je sais déjà que ces ateliers ne visent pas à nous former en techniques de scène, mais à transmettre une dynamique de théâtre qui nous rendrait aptes à travailler avec un metteur en scène – ou simplement à être des spectateurs plus sensibles.
Nous commençons par traverser et retraverser l’espace scénique en faisant un geste, que nous élargissons jusqu’au paroxysme, puis ramenons par étape à l’échelle du début. Cela apprend a dépouiller notre comportement du quotidien qui le parasite, d’être nets, clairs, d’explorer nos énergies. « Faites ce que vous voulez, mais soyez sincères » nous exhorte Eve Rouvière.
Nous travaillerons la scène de « Tartuffe » où Dorine, pressée par son père d’épouser Tartuffe, se querelle avec son amant Valère. La première sage lecture du texte est balayée par l’animatrice : « Vous êtes des adolescents, qui s’enflamment pour un rien, se crient dessus, se quittent, puis se réconcilient aussitôt. » Nous essayons. Nous devons lancer le texte l’un à la tête de l’autre, même l’improviser avec nos propres mots, trouver les mouvements justes.
Enfin, comme c’est ce qui est derrière le texte qui compte au théâtre, nous éliminons la parole, les gestes, les mimiques, pour jouer, dans l’intensité, la situation entre ces deux jeunes gens. Ensemble, nous y mettons un titre : « Je t’aime moi non plus. »
Comme à chaque fois en sortant d’un tel stage, je suis plus observateur de l’humain, plus conscient de ma place dans le monde.
L’Union



Véronique et Patrick, stagiaires, se fient à l’intensité du regard pour jouer.

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