« Swan » de Luc Petton au Mail s’ouvre sur une des plus étranges images jamais vues sur cette scène. Un aqueduc transparent au fond du plateau le traverse de part en part. Une femme y flotte sur le dos, et une autre, qui marche sur le bord de l’installation, fait avancer le corps avec un long bâton. De grandes écharpes soyeuses qui s’échappent sont raccrochées par une troisième danseuse qui suit à la nage.
Où sont les cygnes tant attendus ? Deux flottent avec
une autre danseuse dans un bac courbe comme un demi-œuf, également transparent.
D’autres entrent en marchant, entre l’infiniment gracieux et le pataud.
Six danseuses les accompagnent, partagent avec sensualité leurs
mouvements, les suivent ou les entraînent. Parfois, elles font écho, allant
jusqu’à reproduire avec un bras les ondulations de cou. Parfois elles agissent
en cygnes, aplatissant les pieds, faisant des lavements saccadés, rentrant dans
des rapports de force animaux entre elles.
Luc Petton gomme les démarcations entre l’anthropologique et
le zoologique, suggérant ainsi, par des touches précises, la métamorphose tant
stylisée dans le « Lac des cygnes ». Même l’eau et l’air
s’entremêlent dans ce monde féerique.
D’évidence, les cygnes n’observent pas scrupuleusement une
chorégraphie : « Nous devons
nous y adapter » explique une danseuse. Ils sont à Soissons après s’être
produits deux fois à Angoulême. Pour Luc Petton « ce sont encore des représentations pilotes ».
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Une photo des cygnes, même en coulisse ? Pas
question : « Secret
défense » annonce aimablement un oiseleur. Nous ne sommes pas au
cirque, simplement admis un temps dans la confidence des oiseaux.
L’Union
Anaïs Barth (à gauche) et Katya Petrowick
encore mouillées après le spectacle
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