03/01/2012

Livres à eux-mêmes

D’évidence, ce n’est pas un livre jeté sans couverture, aux pages froissées. Propre sur lui, presque neuf, il attend, posé debout sur un rebord de fenêtre au musée de l’Arsenal. Ramassons-le. Une étiquette collée à l’intérieur annonce « Je suis un livre voyageur et gratuit », et explique sa fonction.
    Il s’agit d’un livre « libéré » – c’est le terme – dans le cadre du projet « Bookcrossing ». Les participants laissent des livres qu’ils ont lus dans des endroits où d’autres pourront les reprendre. Idéalement, chaque volume portant un numéro, ceux qui le trouvent notent et commentent son passage sur www.bookcrossing.com. Ainsi son itinéraire est enregistré. Plus de 8 million de livres circulent actuellement dans 132 pays.
    Et maintenant à Soissons. C’est le canadien David Way, enseignant parisien passant les fêtes de fin d’année ici, qui a déposé des livres à l’Arsenal et devant la Bibliothèque – d’où quelqu’un s’est empressé de les donner au personnel. En effet, le système n’est pas toujours compris. La majorité des livres disparaît. Pour David, cependant, « il s’agit surtout de faire relire un livre, au lieu de le laisser prendre de la poussière sur une étagère après une seule lecture ». La priorité est la lecture, le suivi une façon supplémentaire de la prolonger.
    David avait trouvé son premier livre dans sa Colombie britannique et l’avait passé à un Français en partance pour le Yukon. Là sa trace s’est perdue, mais David reste acquis à cette dissémination de la culture du livre. « Tout le monde n’a pas les moyens d’acheter des bouquins. »
    Les Bookcrosseurs ajoutent ainsi à l’action solitaire de la lecture la convivialité du partage et le jeu du hasard. Au fait, avez-vous des livres qui chôment sur vos étagères ?
L’Union

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