D’évidence, ce n’est pas un livre jeté sans couverture, aux
pages froissées. Propre sur lui, presque neuf, il attend, posé debout sur un
rebord de fenêtre au musée de l’Arsenal. Ramassons-le. Une étiquette collée à
l’intérieur annonce « Je suis un
livre voyageur et gratuit », et explique sa fonction.
Il s’agit d’un livre « libéré » – c’est le terme –
dans le cadre du projet « Bookcrossing ». Les participants laissent
des livres qu’ils ont lus dans des endroits où d’autres pourront les reprendre.
Idéalement, chaque volume portant un numéro, ceux qui le trouvent notent et
commentent son passage sur www.bookcrossing.com. Ainsi son itinéraire est
enregistré. Plus de 8 million de livres circulent actuellement dans 132 pays.
Et maintenant à Soissons. C’est le canadien David Way,
enseignant parisien passant les fêtes de fin d’année ici, qui a déposé des
livres à l’Arsenal et devant la Bibliothèque – d’où quelqu’un s’est empressé de
les donner au personnel. En effet, le système n’est pas toujours compris. La
majorité des livres disparaît. Pour David, cependant, « il s’agit surtout de faire relire un livre, au lieu de le
laisser prendre de la poussière sur une étagère après une seule lecture ».
La priorité est la lecture, le suivi une façon supplémentaire de la prolonger.
David avait trouvé son premier livre dans sa Colombie
britannique et l’avait passé à un Français en partance pour le Yukon. Là sa
trace s’est perdue, mais David reste acquis à cette dissémination de la culture
du livre. « Tout le monde n’a pas
les moyens d’acheter des bouquins. »
Les Bookcrosseurs ajoutent ainsi à l’action solitaire de la
lecture la convivialité du partage et le jeu du hasard. Au fait, avez-vous des
livres qui chôment sur vos étagères ?
L’Union
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