La présence même de Brigitte Engerer
sur le plateau du Mail est impressionnante. Elle entre derrière le piano,
s’assied et tourne elle-même les pages de ses partitions. C’est comme si elle
entend s’effacer, laisser la musique prendre sa place. Dès les premières notes
des deux nocturnes de Chopin, c’est clair : elle ne cherchera pas à
éblouir, mais à nous faire écouter le chant contenu dans chaque morceau. C’est
une approche qu’elle poursuivra à travers la suite pour enfants de Tchaïkovski
et même, de façon plus étonnante, dans les tourbillons et déclarations
tonitruantes des « Tableaux d’une exposition » de Moussorgski.
En même temps, elle réussit à
clarifier la structure harmonique qui sous-tend ce chant.
Brigitte Engerer cherche un "bis" à jouer. |
Ces exploits sont surtout d’ordre
technique. Mais Brigitte Engerer va plus loin, et c’est ce qui explique sa
renommée mondiale. Dans tout ce qu’elle joue, quelle qu’en soit la couleur, claire
ou sombre, elle fait sentir à travers les notes la profondeur, joyeuse ou
déchirante, de la condition humaine, rien de moins. Comment transmettre cela
sans avoir elle-même vécu pleinement les joies et les souffrances de la vie ?
Parmi les plaisirs de la saison
musicale restera celui de l’écouter jouer en direct la suite de Moussorgski,
tant entendue dans des enregistrements, mais qui ne sera plus jamais pareille.
Pour
finir, son visage s’illumine alors qu’elle revient sous les applaudissements
pour jouer, non pas un mais quatre « bis ».L'Union
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