31/08/2012

Joan et Larry Brayden : l’Irlande pour finir l’été

« Les Irlandais et l’argent, ça ne va pas. Les Irlandais et les gens, ça va. » Joan Brayden parle de la crise qui a frappé son pays. Le boom économique avait un temps relevé les Irlandais de la pauvreté qui les plombait depuis toujours ; le krach y a mis cruellement fin.
    Nous parlons devant la grande tente de la famille Brayden, Joan et Larry et les enfants, Helen qui a onze ans et Declan, sept.
    Depuis des années ils quittent leur île en été, pour passer des vacances en Bretagne. Visites touristiques mais aussi familiales, car la mère de Larry est bretonne. « Nous avons décidé cette fois de changer, mais sans nous exposer à la chaleur du Midi. » La proximité de Paris était un atout. Ils y ont passé une nuit. Ils trouvent les paysages boisés du Soissonnais très beaux – alors qu’en Irlande on déboise depuis des siècles.
Larry et Joan Brayden avec Helen,
 Declan étant parti faire du tir à l’arc.
    Les Brayden illustrent la portée de la musique traditionnelle irlandaise dans la vie. Helen apprend le violon et le banjo, et son frère débute avec le violon et le pipeau, alors que Larry joue la flûte traditionnelle. Pas dans un groupe : il retrouve simplement des amis chaque semaine dans un pub de Dublin.
    Joan et Larry incarnent un autre trait irlandais : ils se prêtent avec plaisir à la conversation. L’intimité de nos échanges vient non pas de la livraison de confidences, mais du plaisir partagé. Il y a même un mot précis en gaélique pour cette jouissance : le « craic ».
    Larry est ingénieur dans l’aéronautique, et Joan mère au foyer, après avoir travaillé à l’aéroport de Dublin, où ils se sont connus.
    Nous revenons à la crise. Elle a amené à la perte d’un millier de postes dans la société qui emploie Larry, et il se félicite d’être parmi la vingtaine de survivants. Joan n’a pourtant pas trop de regrets pour l’effondrement économique. « Les gens ne pensaient qu’à frimer, ne parlaient que de leur nouvelle voiture, dépensaient pour en boucher un coin aux autres. Le sens de la communauté se perdait, et il revient petit à petit. L’argent pourrissait tout, enlevait le côté accueillant pour lequel les Irlandais sont connus. »
    Dans quelques jours la famille Brayden démontera donc sa tente et rentrera dans un pays dont les qualités se cultivent peut-être mieux quand elles ne sont pas prises dans le piège de la prospérité soudaine, facile et fragile.
L'Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.