23/08/2014

Le convoi des Lyonnais

Trois grands bateaux à moteur sont amarrés en file indienne à la halte fluviale de Soissons. Sur le dernier flotte un drapeau néerlandais. A l’habituelle question la femme qui écrit à une petite table sur le pont arrière répond « Oui, je parle français. » Sans accent aucun. « Je suis française. » Son mari alors ? « Nous sommes tous deux français, mais le bateau est immatriculé aux Pays-Bas. » Il faut donc le récupérer pour chaque voyage ? « Non, il est à Lyon, où nous habitons. » Son mari la rejoint. « Nous l’avons acheté en Italie. Il fallait changer d’immatriculation, et nous avons choisi les Pays-Bas, pour sa réglementation plus souple. » Il rit. « Notre petit-fils m’a demandé « Pourquoi tu as mis le drapeau à l’envers ? »
    Chantal et Daniel Nervi ont longtemps loué des bateaux, pour explorer la Corse, les Antilles. Enfin ils ont acheté celui-ci « qui était en ruine, et que Daniel a remis en état ». Depuis, ils ont parcouru le Sud de la France. Cette année, avec les amis qui occupent les deux autres bateaux, ils ont décidé de visiter le Nord pour la première fois. Se donnent-ils rendez-vous chaque soir ? « Non, nous voyageons ensemble, en convoi » explique Chantal. « Nous dînons parfois ensemble– hier à Vic j’avais envie de faire la cuisine pour tout le monde – mais nous nous retrouvons toujours pour l’apéritif. »
    A part les averses répétées, le voyage est un succès. Chantal dit son étonnement de trouver tant de cathédrales, en attendant de visiter celle de Soissons.
    Chercheuse en biologie et ingénieur dans l’électromécanique, ils sont à la retraite. Comment se partagent-ils les tâches ? Pour Chantal « lui est maître à bord. » Daniel admet que « quelqu’un sur un bateau doit avoir le dernier mot ». Chantal est alors l’équipage ? « Oui » soupire Daniel « et ça râle parfois. »
    Ils aiment le folklore de la marine. « Le mot « lapin » ne doit jamais être prononcé à bord, souvenir du temps où les lapins embarqués comme nourriture sur les galions rongeaient les cordes, laissant le cargo se déplacer dangereusement. Il faut dire « l’animal aux grands oreilles », ou bien faire comme ça » : Daniel agite deux doigts de chaque côté de sa tête.
    Chantal écrit ses impressions de voyage chaque jour. Une revue de plaisanciers a déjà publié deux de ses articles. Alors, quelles sont les satisfactions de la plaisance ? Le changement constant, la lenteur, les paysages qui passent, que Chantal résume ainsi : « Le plaisir d’avancer. »
L'Union

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