Le toit de leur caravane se
relève pour accroître la hauteur libre à l’intérieur, lui donnant des allures
de haut de forme pliant, tel que le portaient autrefois les messieurs se
rendant à l’Opéra. Pamela et Robert Mogg ont repéré le camping de Soissons dans
un guide. « Nous aimons les campings municipaux. Ils sont bien gérés,
et offrent un bon panachage des gens. Nous n’avons pas besoin de piscine ni de
discothèque mais, comme notre caravane est petite, il nous faut toutes les
commodités. »
Elle est
originaire du comté de Lancashire, en face de l’Irlande, et lui du Hampshire,
sur la côte sud. Retraités sans en avoir l’air, ils habitent Marlow sur la
Tamise, à mi‑chemin entre leurs deux enfants devenus médecins, l’un à Oxford,
l’autre à Londres. Pamela a été institutrice, Rob policier. Il a commencé par
diriger la circulation « avec des gants blancs, bien sûr », et
a fini inspecteur.
Après
avoir acheté leur caravane ici il y a dix ans, ils viennent tous les ans en
France. Ce qu’ils aiment en France ? « Les gens sont plus
détendus, et ils sont si aimables partout. Nous apprécions la nourriture, c’est
différent. » A fréquenter si souvent les Français et leur pays, ils
ont accumulé des raisons d’être francophiles.
Ils
participeront à la visite de Soissons commentée en anglais car, même s’ils s’en
sortent, leur français reste limité. L’ont‑ils parlé en arrivant au
camping ? « Naturellement, nous sommes en France ! »
Leur ville, plus petite que Soissons, est jumelée avec Marly‑le-Roi, près de
Paris. « Nous venons de recevoir un couple de Français, et nous prenons
des cours de conversation dans le cadre du jumelage. »
Chez
eux, leur temps est rempli. Pamela, quoique anglicane, fait partie des équipes
de St Vincent de Paul, auprès des vieilles personnes. Rob a ses activités, dont
celui de sonneur des cloches à l’église. Au camping de Soissons, ils sont tout
de suite accueillants devant leur maison roulante, servent le thé (à
l’anglaise, avec du lait), discutent de tout. Seul Rob, resté vigilant par
métier, admet écouter nos échanges pour vérifier qu’aucune arnaque ne s’y
prépare.
Avant
d’arriver dans l’Aisne, ils ont visité le site de la bataille de la Somme, où
tant de britanniques sont enterrés. « Deux fois que nous les Anglais
nous sommes venus nous battre ici ». Et les différends actuels entre
la France et l’Angleterre ? « Cà c’est de la politique, les hommes
politiques, pas les Français eux‑mêmes. » Ils sont contents de la
réponse donnée au projet de constitution européenne. « Nous
n’accepterons pas que tout soit dirigé de Bruxelles. Nous voulons rester nous‑mêmes. »
Une union trop étroite risquerait d’uniformiser les pays alors que,
précisément, c’est les différences qu’ils viennent chercher ici.
L’Union
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