14/07/2005

Pamela et Robert en quête de différences

Le toit de leur caravane se relève pour accroître la hauteur libre à l’intérieur, lui donnant des allures de haut de forme pliant, tel que le portaient autrefois les messieurs se rendant à l’Opéra. Pamela et Robert Mogg ont repéré le camping de Soissons dans un guide. « Nous aimons les campings municipaux. Ils sont bien gérés, et offrent un bon panachage des gens. Nous n’avons pas besoin de piscine ni de discothèque mais, comme notre caravane est petite, il nous faut toutes les commodités. »
Elle est originaire du comté de Lancashire, en face de l’Irlande, et lui du Hampshire, sur la côte sud. Retraités sans en avoir l’air, ils habitent Marlow sur la Tamise, à mi‑chemin entre leurs deux enfants devenus médecins, l’un à Oxford, l’autre à Londres. Pamela a été institutrice, Rob policier. Il a commencé par diriger la circulation « avec des gants blancs, bien sûr », et a fini inspecteur.
Après avoir acheté leur caravane ici il y a dix ans, ils viennent tous les ans en France. Ce qu’ils aiment en France ? « Les gens sont plus détendus, et ils sont si aimables partout. Nous apprécions la nourriture, c’est différent. » A fréquenter si souvent les Français et leur pays, ils ont accumulé des raisons d’être francophiles.
Ils participeront à la visite de Soissons commentée en anglais car, même s’ils s’en sortent, leur français reste limité. L’ont‑ils parlé en arrivant au camping ? « Naturellement, nous sommes en France ! » Leur ville, plus petite que Soissons, est jumelée avec Marly‑le-Roi, près de Paris. « Nous venons de recevoir un couple de Français, et nous prenons des cours de conversation dans le cadre du jumelage. »
Chez eux, leur temps est rempli. Pamela, quoique anglicane, fait partie des équipes de St Vincent de Paul, auprès des vieilles personnes. Rob a ses activités, dont celui de sonneur des cloches à l’église. Au camping de Soissons, ils sont tout de suite accueillants devant leur maison roulante, servent le thé (à l’anglaise, avec du lait), discutent de tout. Seul Rob, resté vigilant par métier, admet écouter nos échanges pour vérifier qu’aucune arnaque ne s’y prépare.
Avant d’arriver dans l’Aisne, ils ont visité le site de la bataille de la Somme, où tant de britanniques sont enterrés. « Deux fois que nous les Anglais nous sommes venus nous battre ici ». Et les différends actuels entre la France et l’Angleterre ? « Cà c’est de la politique, les hommes politiques, pas les Français eux‑mêmes. » Ils sont contents de la réponse donnée au projet de constitution européenne. « Nous n’accepterons pas que tout soit dirigé de Bruxelles. Nous voulons rester nous‑mêmes. » Une union trop étroite risquerait d’uniformiser les pays alors que, précisément, c’est les différences qu’ils viennent chercher ici.
L’Union

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