26/10/2005

Jean Luc Winieski voyage vers l’intérieur

A vingt‑trois ans, Jean‑Luc Winieski a commencé douze années de trajets en train entre Compiègne et Paris. Il s’est mis à lire pendant l’aller‑retour quotidien. C’est avec Dostoïevski, Tolstoï, Jean Giono, des livres sur le bouddhisme, qu’il est entré dans le monde des idées.
Il a grandi à Berny‑Rivière. « J’étais un enfant effacé. J’avais une vision romantique, mélancolique de la vie. » Son père est chaudronnier, et c’est sa mère qui pousse les trois enfants à faire des études. Après le lycée à Soissons, et la faculté à Amiens, il entre dans une banque à Paris. Le chemin vers une carrière de cadre semble tracé. « Mais il fallait mettre sa conscience de côté pour ça. » Le chemin devient une impasse.
Il prend des cours de karaté à midi. « Une chance : il s’agissait d’un karaté sans compétition, un art martial, un mode de vie. » L’horizon s’ouvre. A une séance de Tai Chi Chuan, autre discipline orientale, il se sent « mis à nu, sensation étonnante. ».
Il découvre le Qi Gong, un des piliers de la médecine chinoise, une gymnastique dans laquelle le « Gong » est le travail qui fait circuler le « Qi », l’énergie. Jean‑Luc trouve des maîtres, suit un stage en Chine, et après trois ans de formation laisse la banque derrière lui pour devenir enseignant diplômé. C’est une vocation plus qu’une occupation.
Jean‑Luc parle d’une voix fluide, raconte, s’explique, décrit le Qi Gong et ses préceptes et éthique, cite des dictons (« Le corps est le meilleur médecin, le cœur le meilleur médicament »). Interrompre cette énergie verbale c’est essayer de faire barrage à un filet d’eau avec les doigts.
Devenir bouddhiste ? « Un non‑sens : la civilisation chrétienne est dans mes gênes, même si je ne pratique pas. » Comment greffer une autre religion sur mille ans de catholicisme – français et polonais !
Avec un visage austère, il décrit le yin et le yang, principes du féminin et du masculin qui sous‑tendent tout. A un cours pour des femmes, ses mouvements sont gracieux, ses mains prolongent la courbe des bras, son corps se balance. La présence d’hommes aurait‑elle changé  quelque chose ? « Peut‑être davantage de travail du haut du corps ». Il roule ses épaules, et voilà l’archétype du mouvement viril. Mieux que des mots, le corps de Jean‑Luc fait saisir la cohabitation pacifique des deux principes.
Quelle différence entre le Qi Gong et un cours de gym ordinaire ? Les exercices du Qi Gong dépassent le simple entretien physique, en apprenant des gestes dirigés, soit vers l’intérieur du corps et l’esprit qui l’habite, soit vers l’extérieur, en rattachant l’individu à la toute‑puissance qui l’entoure. Jean‑Luc Winieski accompagne, en respectant l’être et le vécu de chacun.  « Le corps est un livre sacré à ouvrir. »
L’Union

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