A vingt‑trois ans, Jean‑Luc Winieski a commencé douze
années de trajets en train entre Compiègne et Paris. Il s’est mis à lire
pendant l’aller‑retour quotidien. C’est avec Dostoïevski, Tolstoï, Jean Giono,
des livres sur le bouddhisme, qu’il est entré dans le monde des idées.
Il a grandi à Berny‑Rivière. « J’étais un enfant
effacé. J’avais une vision romantique, mélancolique de la vie. » Son
père est chaudronnier, et c’est sa mère qui pousse les trois enfants à faire
des études. Après le lycée à Soissons, et la faculté à Amiens, il entre dans
une banque à Paris. Le chemin vers une carrière de cadre semble tracé. « Mais
il fallait mettre sa conscience de côté pour ça. » Le chemin devient
une impasse.
Il prend des cours de karaté à midi.
« Une chance : il s’agissait d’un karaté sans compétition, un art
martial, un mode de vie. » L’horizon s’ouvre. A une séance de Tai Chi
Chuan, autre discipline orientale, il se sent « mis à nu, sensation
étonnante. ».
Il découvre le Qi Gong, un des
piliers de la médecine chinoise, une gymnastique dans laquelle le
« Gong » est le travail qui fait circuler le « Qi »,
l’énergie. Jean‑Luc trouve des maîtres, suit un stage en Chine, et après trois
ans de formation laisse la banque derrière lui pour devenir enseignant diplômé.
C’est une vocation plus qu’une occupation.
Jean‑Luc parle d’une voix fluide,
raconte, s’explique, décrit le Qi Gong et ses préceptes et éthique, cite des
dictons (« Le corps est le meilleur médecin, le cœur le meilleur médicament »).
Interrompre cette énergie verbale c’est essayer de faire barrage à un filet
d’eau avec les doigts.
Devenir bouddhiste ? « Un
non‑sens : la civilisation chrétienne est dans mes gênes, même si je ne
pratique pas. » Comment greffer une autre religion sur mille ans de
catholicisme – français et polonais !
Avec un visage austère, il décrit le
yin et le yang, principes du féminin et du masculin qui sous‑tendent
tout. A un cours pour des femmes, ses mouvements sont gracieux, ses mains
prolongent la courbe des bras, son corps se balance. La présence d’hommes
aurait‑elle changé quelque chose ?
« Peut‑être davantage de travail du
haut du corps ». Il roule ses épaules, et voilà l’archétype du
mouvement viril. Mieux que des mots, le corps de Jean‑Luc fait saisir la
cohabitation pacifique des deux principes.
Quelle différence entre le Qi Gong
et un cours de gym ordinaire ? Les exercices du Qi Gong dépassent le
simple entretien physique, en apprenant des gestes dirigés, soit vers
l’intérieur du corps et l’esprit qui l’habite, soit vers l’extérieur, en
rattachant l’individu à la toute‑puissance qui l’entoure. Jean‑Luc Winieski
accompagne, en respectant l’être et le vécu de chacun. « Le corps est un livre sacré à
ouvrir. »
L’Union
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