26/05/2006

Musiciens polonais au Temple protestant

Dans certaines communautés protestantes historiques, toute musique était bannie des églises, étant considérée comme une distraction inventée par le diable pour détourner les gens de la quête du salut éternel. Le temple de Soissons, qui appartient à l’Eglise réformée, ne pratique pas cette ascèse, et a accueilli volontiers le trio Saint Stanislas de Cracovie pour un récital de musique de Mozart, de ses contemporains polonais, de Haydn et de Bach.
    Cependant, l’intensité de la vie culturelle à Soissons ce soir-là, avec l’ouverture du Festival Voies Off et la dernière grande répétition du Cercle musical avant son concert à la cathédrale, a laissé peu de personnes disponibles pour cet événement. Seule une quinzaine ont pris place sur les bancs, la plupart étant des membres de la communauté protestante de Soissons. Les musiciens ont montré leur déception, mais ce petit auditoire de personnes qui se connaissaient, réunies dans l’espace restreint du temple, a engendré une ambiance intime propice à la musique. C’était comme si une famille avait pu s’offrir une somptueuse soirée musicale chez elle.
    Pour fêter son 250e anniversaire, une bonne partie du programme était dévouée à deux sonates de Mozart. Elles faisaient penser à un gamin doué en train de s’amuser. Ce qu’il était : il avait huit ans à l’époque. Selon Fidelis Zelechowski, organisateur du concert, le père de Wolfgang n’aurait-il pas donné un coup de main pour maîtriser la complexité des partitions ?
    Les musiciens ont joué sur des instruments anciens : Bogumila Gizbert-Studnicka au clavecin, Elisabeth Górka au violon baroque, Konrad Górka au violoncelle piccolo à cinq cordes. Ce choix assure une clarté de jeu qui décape l’ouïe habituée aux rondeurs de ton d’instruments de l’époque romantique. Les deux extraits de la première suite pour violoncelle de Bach, joué sur l’instrument piccolo, avaient une minceur et une finesse inhabituelles.
    Le concert terminé, les trois artistes sont passés dans la salle pour aller enlever leurs robes et costume d’apparat, alors que les auditeurs devisaient amicalement. La bonne intelligence régnait.
L'Union

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