Le chanteur après le spectacle. |
En 1972, Maxime Le Forestier a fait la première partie du spectacle de George Brassens au Bobino à Paris. Plus de trente ans plus tard, au centre culturel, l’un présente un récital des chansons de l’autre, mort depuis une vingtaine d’années.
Assis sur un haut tabouret devant des rideaux sombres, dans un îlot de lumière qui se module en pâlissant, en s’intensifiant, Maxime Le Forestier tient sa guitare sur les genoux, et son public dans la main. Il est sans artifice, détendu ou, le grand art étant de cacher l’art, sait le paraître. Toute tension est absente. Les chansons sont consignées dans un cahier, et il laisse la salle les choisir en criant tel numéro. Une fois, avant de chanter, il dit « Mesdames… », et souhaite que, Brassens ayant écrit de si belles chansons d’amour des femmes, elles veuillent bien lui pardonner celle-ci, sombre histoire d’une femme que rien ne rachète, ni la beauté, ni l’esprit, ni même la compétence culinaire.
Sa voix est comme une main chaude qui caresse un chat, et les gens qui remplissent la grande salle semblent effectivement ronronner de plaisir. Ils dépassent le statut de spectateurs, en manifestant leur complicité, leur satisfaction, leur connaissance du répertoire, et bien sûr par les demandes de chansons qui fusent.
Les textes de Brassens sont de petits miracles d’intelligence libertine. Il sait comme personne placer des expressions rabâchées là où, allumées par la mélodie, elles flamboieront. « Parlez-moi d'amour et je vous fous mon poing sur la gueule – sauf le respect que je vous dois. » Ses rythmes ont fait l’objet de bien des études. Il y a trois éléments : le rythme de la voix, celui de l’accompagnement, et les petits pas de danse entre les deux.
Sincères, tendres, amicaux, moqueurs, voluptueux, Brassens et Le Forestier ne sont pourtant jamais dupes. Les sentiments remplissent la vie de rires, de larmes, de colères justes et injustes ; la sentimentalité ne fait qu’en accentuer le vide.
Par moments, comme lorsqu’il rappelle que « tous les gars du village étaient là la-la-la-la là » pour regarder Margot donner le sein à son chat, le récital nourrit une telle ambiance que les spectateurs peuvent se mettre à espérer qu’en étant un peu plus généreux, un peu plus solidaires, un peu plus épris de justice sociale, ils pourraient faire ensemble un monde meilleur. C’est précieux, même si d’aucuns ont pu reprendre d’autres opinions politiques au vestiaire en sortant.
L'Union
Assis sur un haut tabouret devant des rideaux sombres, dans un îlot de lumière qui se module en pâlissant, en s’intensifiant, Maxime Le Forestier tient sa guitare sur les genoux, et son public dans la main. Il est sans artifice, détendu ou, le grand art étant de cacher l’art, sait le paraître. Toute tension est absente. Les chansons sont consignées dans un cahier, et il laisse la salle les choisir en criant tel numéro. Une fois, avant de chanter, il dit « Mesdames… », et souhaite que, Brassens ayant écrit de si belles chansons d’amour des femmes, elles veuillent bien lui pardonner celle-ci, sombre histoire d’une femme que rien ne rachète, ni la beauté, ni l’esprit, ni même la compétence culinaire.
Sa voix est comme une main chaude qui caresse un chat, et les gens qui remplissent la grande salle semblent effectivement ronronner de plaisir. Ils dépassent le statut de spectateurs, en manifestant leur complicité, leur satisfaction, leur connaissance du répertoire, et bien sûr par les demandes de chansons qui fusent.
Les textes de Brassens sont de petits miracles d’intelligence libertine. Il sait comme personne placer des expressions rabâchées là où, allumées par la mélodie, elles flamboieront. « Parlez-moi d'amour et je vous fous mon poing sur la gueule – sauf le respect que je vous dois. » Ses rythmes ont fait l’objet de bien des études. Il y a trois éléments : le rythme de la voix, celui de l’accompagnement, et les petits pas de danse entre les deux.
Sincères, tendres, amicaux, moqueurs, voluptueux, Brassens et Le Forestier ne sont pourtant jamais dupes. Les sentiments remplissent la vie de rires, de larmes, de colères justes et injustes ; la sentimentalité ne fait qu’en accentuer le vide.
Par moments, comme lorsqu’il rappelle que « tous les gars du village étaient là la-la-la-la là » pour regarder Margot donner le sein à son chat, le récital nourrit une telle ambiance que les spectateurs peuvent se mettre à espérer qu’en étant un peu plus généreux, un peu plus solidaires, un peu plus épris de justice sociale, ils pourraient faire ensemble un monde meilleur. C’est précieux, même si d’aucuns ont pu reprendre d’autres opinions politiques au vestiaire en sortant.
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