29/08/2006

Richard Beggs part à la contemplation du monde

« Mon passé est aussi incohérent que mon avenir. » Lorsque Richard Beggs parle, la plate réalité doit s’accommoder de son penchant pour une phrase bien tournée. Né en Angleterre de parents irlandais, aurait-il hérité de la tradition du « craic » irlandais, cette façon de faire la fête avec les mots, d’en concocter des plats bien relevés à déguster en bonne compagnie ?
    Richard est un grand voyageur, par la fréquence de ses déplacements et par la diversité des destinations : l’Amérique du Sud, l’Europe de l’Est, l’Autriche, l’Espagne, récemment l’Inde du Nord – et le Soissonnais, où il fait souvent étape chez des amis, après avoir traversé la Manche dans sa fourgonnette aménagée.
    Cette été, en route pour l’Indre, il est accompagné par Annicka Amos. Ils se sont rencontrés dans un cours de yoga donné par Richard. Ils pratiquent cette discipline physique et spirituelle dans le jardin. La séance dure des heures, les mouvements et positions aussi gracieux à voir que complexes à exécuter. Ils se concentrent, mais l’ambiance reste détendue, et Richard apostrophe parfois les passants.
    Qu’est ce qui leur apporte le yoga ? Le plaisir austère de l’ascèse ? « Le bonheur » selon chacun. « Je me sens plus heureuse après les exercices, plus apte à goûter pleinement la vie » dit Annicka, professeur d’arts plastiques dans un lycée, et artiste elle-même, s’inspirant des formes qu’elle trouve dans la nature.
    Après une enfance partagée entre l’Angleterre et le Soudan, Richard a réussi ses études de génie agricole en Ecosse, mais était révolté par l’élevage industriel. Il est même devenu végétalien, s’abstenant de tout aliment animal, viande, poisson, produits laitiers, sa bonne santé prouvant le bien-fondé de sa décision.
    Tournant le dos à l’agriculture, il  a commencé à voyager, de longs périples plutôt solitaires, content des contacts quotidiens mais essentiellement seul dans la nature. Il a fait commerce de produits achetés en Amérique du Sud. Musicien, mécanicien à l’occasion, il est habité par une gourmandise intellectuelle qui l’a amené plusieurs fois en Pologne afin d’apprendre… le polonais. Installé dans le Herefordshire, près du Pays de Galles, il attire de nombreux participants à ses cours de yoga. L’EU réglementant toujours plus l’accès à l’enseignement, il suit actuellement une formation dans une école de yoga accréditée, pour devenir professeur qualifié.
    Ses racines ? « J’aime bien l’Irlande, et là où j’ai ma maison, mais où que je sois, je me sens bien. »
    Ici, il apprécie les paysages, qu’il a parcourus dans tous les sens en vélo – amarré pendant le voyage sur le toit de la fourgonnette. Pour quelqu’un aussi peu programmé par les obligations de la vie conventionnelle, il est difficile de dire quand il y fera à nouveau étape. Mais ses voyages le ramèneront certainement dans la vallée de la Crise, où il s’installera dans le jardin ami, ouvrira ses portes arrière, dormira à moitié à la belle étoile, puis repartira à la contemplation du monde.
L'Union

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