01/09/2006

Christian et Arlette Duhennois incarnent l’esprit voyageur

Après des vacanciers venus de l’Ouganda, de l’Angleterre, de la Suède, de Dubaï, des Pays Bas, du Missouri, du Pays de Galles, les derniers visiteurs de cette série d’été se sont déplacés seulement de Tergnier pour passer un mois à Soissons.
    Le camping de Soissons se vide. Seuls les rectangles noirs dans les emplacements rappellent tous les caravanes, camping cars et tentes de l’été 2006. Arlette et Christian Duhennois replient aussi leurs installations. « Nous avons passé juillet dans l’Allier, puis nous avons téléphoné pour réserver à Soissons pour le mois d’août. »
    Ils habitent Tergnier, à une cinquantaine de kilomètres, mais ne voient aucune anomalie à séjourner si près de chez eux. « C’est devenu notre seconde ville. » C’est la deuxième année qu’ils passent un mois ici. Arlette énumère ses beautés, la cathédrale, Saint Jean des Vignes, et surtout les bords de l’Aisne, même si l’insuffisance respiratoire de Christian, ancien métallurgiste-chaudronnier à Montescourt, restreignent les promenades cette année.
    Ils sont curieux de tout. Pour retrouver le nom des catalpas autour de leur emplacement, Arlette cherche dans un calepin. Ils savent qu’un renard a mangé les paons de l’écluse, enfermés à cause de la grippe aviaire.
    Ils s’interrompent constamment, non pas pour priver l’autre de la parole, mais parce qu’ils ont tant à raconter. Christian se retourne pour apostropher un nouvel arrivant. « Il pleut aussi dans le Nord ? » Le véhicule est immatriculé 59. « Nous saluons tout le monde. »
    Ils sont nés, Arlette à Fargniers, Christian à Clastres. Elle a été responsable du Prisunic de Tergnier, à la tête d’une trentaine de salariés. Ils se sont rencontrés en 1958 au bal des Mimosas, organisé par les cheminots de Tergnier, nombreux à l’époque. « Il y avait un train toutes les quatre minutes. » Ils ont un fils et des petits-enfants déjà grands, venus les voir au camping.
    A cause des installations ferroviaires, Tergnier a été beaucoup bombardé pendant la guerre. Le petit Christian est parti dans une charrette à cheval jusqu’à Bayonne ; Arlette a fait partie de l’exode axonais dans la Mayenne. Remontée après une nuit dans la cave de sa maison en 1944, elle a trouvé seulement des ruines. Ces épreuves d’enfants de la guerre donnent de la gravité à leur discours, et colorent leur vision des conflits actuels dans le monde. « Tout le monde est l’enfant de quelqu’un » conclut Arlette.
    Dans les années 60, voulant acheter une maison, Christian est devenu aussi opérateur, et Arlette caissière, du cinéma Vox à Tergnier. Un film différent chaque soir, précédé de documentaires ou d’un autre film, avec une attraction de music-hall entre les deux. « On ressortait après minuit. » Christian a tout vu, alors qu’Arlette restait dans sa petite cage de verre, ou préparait les plateaux de confiseries pour l’entracte. « C’était un bon moment dans notre vie. » Les larges sourires le confirment.
    Avec leur bon sens et leur curiosité, Arlette et Christian Duhennois incarnent l’esprit voyageur, tel qu’il a pu se percevoir à travers notre série de portraits. Ils vont dans le monde sans préjuger ce ni ceux qu’ils y trouveront. Arlette définit cette vision : « Nous voulons voir ce qu’il y a à voir. »
L'Union

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