Jamel, fils
aîné né en 1987, y habite avec ses quatre frères, sa sœur et ses parents, arrivés
du Maroc dans les années 70.
Fils d’immigrés,
c’est au collège que Jamel a la révélation de son héritage, lorsqu’un club y
monte une exposition sur le pays. « J’ai découvert mes racines »
dit-il, encore étonné en le rappelant. Il rejoint le club, puis adhère à l’Adefram,
fondée en 2000 pour développer les échanges franco-marocains, et plus largement
la rencontre des cultures et des spiritualités. L’impulsion vient de Robert
Foreau-Fénier, professeur retraité, rentré à son Belleu natal après une
carrière parisienne.
Jamel est
d’une grande courtoisie, et si peu imbu de ses qualités que seules des
questions directes révèlent sa mention au bac, sa bonne réputation scolaire, la
fierté de ses parents.
Il parle
souvent de son mentor « Robert » qui, ayant vite reconnu son
potentiel, lui a suggéré de passer le concours d’entrée de Sciences Po en septembre dernier,
non pas par le biais des quotas pour
jeunes de milieu défavorisé, mais en frappant à la grande porte. « Je n’ai
pas vu beaucoup d’enfants d’immigrés au concours. » La porte ne s’est
pas ouverte, mais, déjà content d’en être arrivé là, il entend frapper à
nouveau dans deux ans, muni du diplôme universitaire pour lequel il est inscrit
à Laon. « Ce qui m’intéresse ce sont les relations
internationales. » Jamel attribue une valeur suprême aux échanges
entre les personnes. « Je m’entends très bien avec une famille ici qui
a voté Le Pen. Chacun ses idées. » Succédera-t-il un jour à Robert
Foreau comme président de l’Adefram ?
Comment définir
l’appartenance d’un enfant d’immigrés ? « Je suis français, heureux
de l’être, et mon sang est marocain. » Il apprécie le cadre de vie de
ses parents – « ils sont nés au Maroc » - mais ne se voit pas
maintenir toutes les traditions. Il est pratiquant. « Pour la prière,
nous rattrapons le soir à la maison. » Et la communauté marocaine de
Belleu ? « On ne nous écoute pas beaucoup. » Des
initiatives ont trouvé peu d’écho auprès de la municipalité. Mais la solution
pour Jamel est toujours de promouvoir les bonnes relations, jamais la
confrontation violente.
Son
avenir ? Il sourit. « J’aimerais être, pourquoi pas, ambassadeur
de France au Maroc. » Il s’agirait, à l’entendre, moins d’ambition que
d’inspiration, une lumière éblouissante qu’il pourra suivre pour aller toujours
plus loin.
L’Union
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