Il y a aussi Charlotte, la foldingue qu’elle devient en entrant en scène, et qui vit dans l’excès. Pas excessive, mais excédée. Par ses enfants ados, le fils angelot devenu en une nuit homme des cavernes aux pieds qui puent et qui trouve que « prendre une douche, c’est con », et la petite Juliette qui se plaignait de devoir passer « deux dodos » loin de maman, mais qui la trouve maintenant totalement risible, tout juste bonne pour habiter Jurassic Park. Par ses amies, l’une écervelée et dévergondée, l’autre écervelée et gauchisante. Par son prof de gym, Bulgare à la virilité balourde, et par ses co-gymnastes maigrichonnes qui maigrissent encore. Elle résiste résolument à tout : « Je n’ai pas de culotte de cheval – un slip de cheval, admettons. »
Charlotte devient chaque personnage, bourru, arrogant, prétentieux, chichiteux. Puis revient à elle-même, s’opposant à toutes les esquives qu’offre cette galerie de tarés. Femme affrontant la quarantaine tumultueuse, ayant quitté un mari, puis un amant plus jeune qu’elle, n’osant plus rien espérer de ce côté-là. Allongée sur son énorme divan d’analysée à monologuer devant son thérapeute muet.
Revenue de tout, mais toujours prête à repartir. Un restaurateur qu’elle admirait de loin la trouve belle, « pas jolie, belle ». Malavisée, elle applique un stratagème inepte de séduction prôné par son amie. En se fiant brièvement à ces simagrées, elle arrive au bord de la catastrophe sentimentale.
Dans les coulisses après le spectacle, la comédienne est souriante, parle de démaquillage, recueille des renseignements sur Soissons, et répond « Oui, j’écris mes propres textes ». Sans chichi, comme son personnage. C’est peut-être sur ce point que Charlotte de Turckheim et Charlotte se retrouvent.
L'Union
Légende : Charlotte de Turckheim s’attarde dans les coulisses du Mail après son spectacle.
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