19/02/2007

Aglaé Simoës à l’aventure en Bulgarie


La Bulgarie est entrée dans l’Union européenne au début de l’année. Aglaé Simoës de Braine, étudiante en sociologie à Lille, mais qui passe une année universitaire à Plovdiv en Bulgarie, a tout vu. Comment se sont passées les réjouissances pour marquer cet événement ? « En fait, j’ai vu seulement des gens dans la rue qui faisaient signer une pétition contre la nouvelle interdiction de distiller leur propre rakia » – le rakia étant un redoutable alcool à base de jus de fruit fermenté. L’idée de l’Europe a du mal à surmonter les préoccupations personnelles.
Aglaé a fait goûter le rakia autour d’elle pendant un retour rapide à Braine, pour assister à une soirée organisée par Madomé, l’association de coopération avec un village du Mali, dont elle est membre. Elle devait y rendre compte d’un voyage en 2006, quand un groupe de jeunes, dont elle-même, a clôturé un terrain dans le village. Son engagement humanitaire a d’ailleurs été démontré dans « Aglaé Simoës : par curiosité d'esprit » du 01/02/06.
Elle est partie en Bulgarie en vertu d’un accord bulgare avec l’université de Lille. Plovdiv est une des plus anciennes villes d’Europe, contemporaine de Troie et de Mycènes, puis centre romain, berceau du nationalisme sous les Ottomans, et où le mouvement démocratique qui a amené la fin du régime communiste en 1989 a pris pied.
Flûtiste depuis des années au Conservatoire de Soissons, elle suit des cours d’ethnomusicologie. Seulement, le bulgare est une barrière à toute compréhension de ce qui se passe, et elle peine à l’acquérir. L’utilisation de l’alphabet cyrillique rend opaques même les mots simples. Elle déchiffre les lettres comme on compose un puzzle, et sait écrire son adresse. Elle habite – en colocation avec deux Espagnoles – « Kioutchouk Parich. », vieux quartier turc délabré qu’on nomme ainsi, par dérision, « Petit Paris ».
Elle assiste avec assiduité aux cours, pour montrer sa bonne volonté. « Comme je n’y comprends pas grande chose, si en plus je n’y vais pas… » Par son caractère, Aglaé se donne à fond à ce qui se présente dans sa vie :  il importe moins d'amasser des connaissances avec tant de mal, que de se débrouiller dans un contexte à la fois étranger et étrange.
Si tout avait été accessible et simple, Aglaé serait rentrée avec une bonne connaissance des musiques slaves, des notions d’une langue slave, et des anecdotes à raconter. Plongée jusqu’au cou comme elle est dans cette aventure déroutante en Europe de l’est, dans un pays au passé tumultueux, au présent vacillant, au futur incertain, elle y touche sans doute à quelque chose de profond, d’intime, un sens du pays plus qu’un savoir. Plus tard, sociologue, elle sera préoccupée par des données précises et statistiques. A Plovdiv elle accumule des richesses moins académiques qu’humaines, moins sociologiques qu’impressionnistes.
L’Union

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