Le
spectacle le plus ancien de la saison au Mail, « Andromaque » de
Racine, 340 ans cette année, a paradoxalement provoqué un rajeunissement
spectaculaire des spectateurs. Une foule de lycéens a rempli la grande salle, bruyante,
remuante puis, dès que les lumières ont baissé, plongée dans un silence à peine
bruissant. A la fin, admiratifs, ou pour se libérer de cette longue
concentration, ils ont vigoureusement applaudi et crié.
Beaucoup devaient y avoir leur première expérience du
théâtre classique, en voyant Andromaque, Pyrrhus, Hermione, Oreste, cette
chaîne d’amoureux dépités, et que la passion pousse à la catastrophe, accompagnés
par un homme-chœur qui, devant leurs extravagances, les somme d’être
raisonnables. En vain : la raison est le cadet de leurs soucis.
Le propre du théâtre est, non pas de reproduire la réalité
sur scène, mais de s’en distancier, par le texte, la mise en scène, les
conventions théâtrales. Il s’agit de transformer le regard du spectateur. Racine,
remplaçant les déclamations cornéliennes par un langage d’une lumineuse simplicité
pour son temps, crée sa distance par l’encadrement alexandrin, et la rime.
Pour sa part Alain Paris, le metteur en scène, écarte
toute agitation corporelle, tout décor réaliste, pour dégager seul le texte.
Ce spectacle aura-t-il conquis beaucoup de jeunes ?
Iront-ils régulièrement au théâtre ? Les réactions après le spectacle
divergent. Au moins, ils savent ce qu’est l’ambiance d’un spectacle vivant. Le
cinéma, la télévision se déroulent indifférents, mais au théâtre le public est
partenaire, aussi nécessaire au spectacle que les comédiens.
L’Union
Après deux heures de tragédie, les comédiens retrouvent le sourire dans le foyer des artistes.
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