Sur les hauteurs de Pasly, un
chemin de terre – boueux quand il pleut – mène à une lignée de crouttes
creusées dans la roche, derrière quelques vieilles maisons. Des chevaux broutent
les pâtures raides qui descendent devant. Le lieu n’a pas dû changer en un
siècle. C’est ici que Christine Ferro a fondé « Equus loisirs », pour
faire découvrir le cheval par des activités éducatives.
Son propre intérêt pour le
cheval ? « C’était mon premier rêve. D’ailleurs, j’étais un gros
bébé avec les jambes tellement arquées qu’on disait que j’étais faite pour
monter à cheval ! »
Christine est née sur les
bords de la Meuse dans les Ardennes, où la légendaire forêt est son terrain de
jeu. Elle s’y promène avec son père, fils d’immigrés italiens venus travailler
dans la sidérurgie. « L’héritage italien était mis de côté. Il fallait
s’intégrer. Nous n’allions jamais en Italie. »
Elle a sept ans quand la
famille arrive à Soissons, « où les gens ne se saluaient pas dans la
rue comme à Revin. » A seize
ans elle est au lycée, déléguée d’élèves, en première ligne contre l’injustice,
et revendiquant bruyamment sa liberté à la maison. Elle rencontre alors le
cheval qui sera le sien. Le propriétaire de Peter l’alezan lui permet de s’en
occuper. « Alors tous les jours je prenais le vélo après
l’école…. » Enfin, avec ce qu’elle gagne en travaillant elle arrive à
l’acheter.
N’ayant pas eu son bac, elle
part dans une carrière improvisée, appréciée pour son énergie et ses idées,
redoutée pour son côté contestataire. Inscrite un temps à la CGT, Christine est
juge prud’homal. « Il ne faut pas s’habituer à l’injustice. »
Equus propose l’équitation à
des groupes d’enfants de familles aux revenus modestes. Tous réagissent
positivement « Le cheval est un régulateur. Les enfants timides doivent
trouver leur vérité et leur confiance, les turbulents doivent se calmer ».
Ces animations ont lieu à Pasly.
Christine prône
« l’équitation naturelle », refusant d’adopter le rôle habituel dominateur
du cavalier. « Je suis le leader de mes chevaux, qui me respectent
parce que je les protège. » Elle déteste le terme de
« débourrage » pour définir le dressage nécessaire d’un jeune cheval.
Les pâtures sont vitales au bien-être. « Beaucoup n’envisagent un
cheval que dans un box, alors que dans la nature il doit faire quinze
kilomètres par jour pour s’alimenter. Etre enfermé provoque une frustration
énorme. »
Pendant la conversation, l’expression
de Christine Ferro se durcit, ou devient caustique, lorsqu’elle dénonce un abus
ou aborde les revendications sociales. Mais après, lorsqu’elle présente ses
chevaux et poneys, un large sourire ne quitte jamais son visage. Elle ne peut
pas s’empêcher de les aimer, et d’avancer leur cause.
L’Union
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires seront vus avant d'être affichés.