Pour
« J’ai de mauvaises pensées », le comédien Hocine Slimane amène tout
seul son monde sur la scène du Petit Bouffon. Il est Max le bourru, Gilbert le
bourré (« Je bois plus d’alcool, c’est pas assez fort » dit-il
en sirotant du lave-glace), et Hocine le raisonnable, qui mène ses copains à la
culture, Devos, Duras, Depardieu, dans l’espoir – deçu – de les faire consommer.
Max a le rôle principal. Coincé par sa condition
sociale, ahuri par un monde complexe et inégal, il s’exprime en faisant la
navette entre un cerveau ankylosé et un vocabulaire squelettique. Il éructe
plus qu’il ne parle. Pour trouver l’être sensé et sensible emprisonné dans sa
chair, il faudrait de la dynamite.
Il y a d’autres dans l’histoire, dont Roselyne
l’institutrice, qui calme ses nerfs ravagés avec des doses d’Anne Sylvestre,
mais qui se rachète à nos yeux en évitant à Max la honte d’arriver à trente ans
sans avoir fait l’amour à une femme. C’est fait devant la salle (« Enlever
ma culotte ? Je vais avoir froid ! » se plaint Max) et, pour
incroyable que cela puisse paraître, délicatement !
Hocine force le trait de ses personnages jusqu’au
vaudevillesque. Certains dans la salle ont trouvé son humour lourd, mais ceux
qui l’apprécient lui trouvent des qualités de cœur qui rendent ces grotesques
attachants. Il dirige un gros projecteur sur
la nature humaine, et c’est le travail du théâtre, après tout.
L’Union
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