Jackie dans son jardin de Presles. |
Raide
comme une hampe de drapeau, dans la tête comme dans le corps ? A voir Jackie
Chapuis au garde-à-vous, muni du drapeau tricolore frappé des insignes de la
ville de Soissons, on pourrait le croire rigide, aux idées militaristes. En
réalité, c’est un homme jovial et surtout sensible. Parlant de la mort de son
père, divorcé de sa mère et qu’il a donc peu connu, il a du mal à finir sa
phrase : « Trois de mes amis porte-drapeaux sont venus à son
enterrement. »
Une carrière militaire au moins ? Même pas. Jackie
naît à Soissons en 1942 « dans le tourment de la guerre ». Sa
mère ayant peu d’argent, il devient tourneur après le certificat d’études.
Seulement, il a fait ses quatorze mois en Algérie dans
l’infanterie de marine – les Marsouins – au moment de l’indépendance en 1962,
alors qu’il n’a pas vingt ans. Son séjour commence par une erreur de routage
qui l’oblige à traverser tout le pays pour rejoindre son poste à Oran. Le
premier contact est ainsi avec la beauté de l’Afrique du Nord.
Le jour de l’indépendance, il monte la garde dans la tour
de la gare d’Oran, qui saute juste après le repli. Ces quelques minutes lui
sauvent la vie.
Rentré d’Algérie, il se marie, et rejoint les Charrues
Demblon, où il est chauffeur jusqu’à la retraite. Il a trois fils.
En 1981 il reçoit la Croix du combattant pour son service
en Algérie. Il devient alors porte-drapeau, allant jusqu’à présider l’Amicale,
qui compte 46 membres, reflétant l’importance de cette fonction dans l’Aisne au
passé lourd de guerre.
Il voit en son action un « devoir de
mémoire ». Aux cérémonies officielles, les drapeaux levés symbolisent
la présence et la force de la République.
Il bichonne ses « troupes », mais il est catégorique :
« Veste marine, cravate, pas de sourires. » Pour la photo il
déplie soigneusement le drapeau, visse la hampe avec sa « cravate »
tricolore « ou noire pour les enterrements. »
Jackie collectionne des figurines militaires, appartient
à plusieurs associations militaires dont l’Amicale du 67e et les
Combattants de moins de vingt ans, et rappelle le service militaire de son
grand-père (cité à l’ordre des armées en 1915), de ses père et oncles ;
mais il adhère plus aux valeurs de courage et de sacrifice qu’aux faits d’armes.
Sa générosité ne s’arrête pas à ce devoir républicain. Il
montre son bras. Il vient de faire son 377e don de sang.
L’Union
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