Concert d’orgue : Bach et Messiaen en face à face

La saison d'été de récitals d'orgue a commencé fort. Vincent Dubois, organiste titulaire de la cathédrale, a joué en entrée « Apparition de l'Eglise éternelle » d'Olivier Messiaen, un crescendo et decrescendo qui faisait frémir l'air, comme si les piliers de la nef étaient eux-mêmes des tuyaux d'orgue.
    Ce concert de prestige, dans le cadre des « Orgues de l'Aisne en concerts », proposait un programme « miroir », mettant face à face Bach et Messiaen (dont c'est le centenaire de la naissance). Pour chaque grand moment liturgique de l'Avent à la Pentecôte, l'inspiration spirituelle de chacun, réformée pour l'un, catholique pour l'autre, était illustrée par des extraits de leurs œuvres.

    Ce va et vient entre les 18e et 20e siècles pouvait déconcerter. Mais il a plutôt éclairé les deux, la densité de Messiaen, avec deux exemples de sa transmutation de chant d'oiseau, alternant avec les thèmes de Bach qui, comme un skieur alpin, ne revient jamais sur ses pas. Vincent Dubois a interprété ce programme avec une maîtrise qui éclaire chaque détail, détache chaque couche de l'assemblage musical. Une valeur ajoutée de ces concerts d'après-midi est la lente arrivée du soleil derrière la grande rosace au-dessus de la tribune d'orgue. Il fait lentement flamboyer les couleurs du vitrail, comme allumées par la foi brûlante des deux compositeurs.   L'Union