12/07/2008

Les Gallo-romains et le Soissonnais

C'est comme un immense puzzle, sauf que presque toutes les pièces manquent, qu'il n'y a ni modèle ni les bords qui s'imbriquent pour les assembler. Le travail du Centre d'étude des peintures murales romaines (CEPMR) de Soissons, à Saint-Jean-des-Vignes consiste à récupérer les fragments de ces œuvres romaines et les reconstituer suffisamment pour discerner l'original.
    Florence Monier, chercheuse du CNRS, décrit ce travail minutieux à un groupe de Lyonnais. Ce sont des étudiants de « l'Université de tous âges » de Lyon. C'est l'une d'entre eux, Lucette Vattepin, née dans la vallée de la Crise, mais qui a vécu à Paris jusqu'au transfert de son mari Guy à Lyon en 1968, qui a eu l'idée de les amener ici. « J'ai voulu leur faire voir et comprendre pourquoi j'aime cette Picardie. »
    Le fait d'avoir dépassé l'âge moyen des étudiants ne les rend que plus consciencieux. Ils appartiennent à un groupe d'étude qui s'appelle « la Table gallo-romaine ». Il s'agit très sérieusement d'identifier et reconstituer des plats d'époque, puis très convivialement de se réunir pour les déguster.« Le problème est l'absence de toute indication de quantités. Il faut procéder par tâtonnements. »
    L'animatrice du groupe, l'archéologue Elisabeth Mérigoux, les accompagne. Ils ont visité aussi Saint-Jean-des-Vignes et la cathédrale. Au château de Septmonts ils ont eu pour guide Madeleine Damas, présidente des Amis du château.
    Ils sont allés jusqu'à Compiègne et ont parcouru le Chemin des Dames. « Tous ont été surpris par la proximité du Chemin des Dames » commente Lucette. L'image paisible et campagnarde du Soissonnais actuel peut en effet faire oublier les tourments du passé.
    Pendant les longues explications de Florence Monier, penchée sur les plateaux chargés de fragments, l'attention de ces étudiants ne flanche jamais. On est loin du groupe de touristes réunis seulement pour le même voyage organisé.
    Partager un intérêt qui dépasse les préférences individuelles crée un sentiment amical évident. Dehors, l'étrange façade de l'abbaye laisse apercevoir par ses ouvertures, non pas un intérieur d'église mais le ciel ensoleillé.
    Les Lyonnais se l'arrogent : « C'est nous qui l'avons amené. » Ah, l'image de grisaille qui colle à tout ce qui se trouve vers le nord !
L'Union

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