Dans quelques jours, Germaine Castel partira à Lourdes pour la septième fois, avec l’Hospitalité de Soissons. Elle a le don de parler de choses profondes avec des mots simples. La foi ? « L’amour de Dieu en nous. »
Elle naît à Serval, près de Fismes, en 1935, cinquième de dix enfants d’un cultivateur. Tous n’ayant pas survécu, Germaine hérite du nom d’une sœur morte jeune.
A deux ans, Germaine attrape une « scarlatine rentrée » ; qui la laisse paralysée du côté gauche. « Je n’en ai pas de souvenir. Je me suis retrouvée comme ça, après six mois à l’hôpital entre la vie et la mort. » Elle se met à apprendre les gestes de la vie quotidienne en handicapée.
Vient la guerre, et l’aventure, plutôt hilare pour un enfant, du départ pour l’Allier, les vêtements dans des sacs à pommes de terre, et sa mère avec dix personnes – et deux biquettes – dans la Peugeot 401.
A dix-huit ans, « pas mariable », elle est envoyée au couvent de l’Enfant Jésus à Soissons. Elle n’y trouve pas son bonheur, et le quitte en 1958. Deux ans plus tard, elle rentre dans la congrégation des Sœurs de Jésus crucifié, toutes des personnes malades ou handicapées. C’est là, près de Sézanne, que Germaine apprend la vie en communauté, enrichissante mais rude, et qu’elle acquiert l’acceptation des autres qui la porte encore. Mais ne la rend pas mièvre : à un ami d’aujourd’hui qui évoque la mort, elle déclare « Vous ne pouvez pas mourir : vous n’êtes pas assez bon ! »
Sa santé la force à quitter ses sœurs. Elle prend une chambre à Soissons, et s’occupe d’enfants dans des familles, avec un amour qu’ils lui rendent bien. Pourtant, dit-elle, « Je rêvais, sans les voir, d’une ferme, d’un potager… ». En 1976, devant la cathédrale, elle rencontre Marcel Castel, qui a perdu une jambe dans un accident de tracteur, mais qui garde son acharnement pour le travail. Après quelques mois, ils se marient.
Cela pourrait être la fin heureuse pour ce couple d’infirmes qui construit son amour sur ses terres. Mais la réalité n’a pas dit son dernier mot. Gervaise se trouve enceinte. « Marcel était content » : elle décrit ainsi l’énorme joie de son mari. A quarante-trois ans, elle accouche d’Antoine, à présent un gaillard qui travaille à Grenoble.
Marcel meurt en 1991, et depuis 1996 Germaine est traitée pour un cancer. Elle vit dans son moulin sur la Crise à Muret. Des amis, des parents, des protégés, des aides y défilent, autant pour se ressourcer que pour la soutenir.
Les douteurs comptent le nombre de béquilles laissées à Lourdes, mais le grand miracle du lieu est la marée de bienveillance, qui peut changer le regard porté par les malades sur eux-mêmes. Et pour Germaine Castel ? « Le miracle est ici. » Elle se touche le cœur. On ne l’arrêtera pas de dire des choses simplement.
Hospitalité diocésaine de Soissons, tél. 03 23 24 43 69
L'Union
Germaine Castel est morte en août 2008, peu de temps après un autre voyage à Lourdes.
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