Le
jeune chorégraphe et premier danseur Antonio Najarro cherche son inspiration
dans le flamenco pour la première partie, et dans le tango pour la deuxième. A
la fin, la musique du grand compositeur argentin Astor Piazzolla se mêle aux
attitudes et à la morgue du flamenco reprises par la troupe, une combinaison
bizarre et vivifiante.
L’ensemble
est spectaculaire d’éclat physique et d’esthétique, tout en restant au niveau
du divertissement.
Pour
ménager le budget des théâtres, les deux groupes de musiciens qui accompagnent
habituellement les danseurs sur scène sont remplacés par une bande enregistrée,
une option dont la rigidité exclut une interaction entre la danse et la
musique.
Les
talons hauts, des hommes comme des femmes, martèlent le plateau, comme s’ils
sommaient l'attention de l'autre sexe, en criant « Regardez comme je
plais ! » Il y a quelques semaines, cela a tambouriné autant
pendant le spectacle « Shaylyn » venu de l’Irlande. Mais c'est
différent. Le danseur irlandais veut aussi épater ses partenaires, mais sans
arrière-pensée – au plus, comme chez les Bronzés, il y a espoir de
« conclure » après le bal. Pour les Espagnols, la tension sexuelle
est permanente, accaparante, la matière même de la danse. L’intensité hormonale
est même inhabituelle pour un public du nord.
Antonio Najarro (à g.) avec deux danseurs après le spectacle |
L’assurance
affichée dans ce jeu ne flanche qu’une fois, lorsqu’une femme passe soudain de
la séduction à l’expression de son désir. Ces messieurs se sauvent tous de
l’autre côté de la scène, et esquissent même un tango entre couples d’hommes,
avant de rejoindre les femmes.
C’est
le seul moment de remise en question des conventions. Najarro et sa troupe
possèdent toutes les ressources physiques et la verve qu’il leur faut pour aller
plus loin. La théâtralité de ce premier spectacle empêche de creuser, d’épurer –
et de danser – les enjeux humains derrière les apparences.
L’Union
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