L’ambiance réjouirait un cafetier. Les gens s’interpellent,
rient, discutent, commandent leur café ou chocolat, ou bien s’asseyent tranquilles,
comme dans un bar où l’on se sent en sécurité. Au milieu, sobre, soignée, circonspecte,
Elisabeth Verdavaine préside pourtant l’attroupement. C’est le « Tiot
café » du jeudi soir, au local d’Arts-Culture-Sports, une association pour
les adultes handicapés mentaux, dont elle est présidente depuis deux ans.
Née à
Aix-en-Provence, de parents qui se déplacent beaucoup, un père mineur de fond
venu du Nord, et une mère avignonnaise impulsive et extravagante – « mais
c’est grâce à elle que j’aime lire » - Elisabeth suit de courtes
études de chimie à Montpellier. Elle arrive à l’usine de la Rochette à Soissons
à dix-huit ans comme technicienne chimiste. Une épreuve, ce départ si
jeune ? « Non, la vie était belle ! » Elle y travaille
encore aujourd’hui.
Elle se
marie et, six ans plus tard, le couple a un fils, Sylvain. Après quelques mois une
nourrice constate une absence de développement. Des examens plus approfondis
révèlent un handicap mental, une épilepsie.
Le père
de Sylvain tient à le maintenir dans le cursus classique. Il reste en CP
jusqu’à la fin du primaire. Au collège de Presles il est confronté à des
attitudes contrastées. Il assiste tranquillement au cours de français, mais son
professeur de mathématiques lui donne des lignes interminables parce qu’il ne
peut pas copier la consigne sur le tableau, et ne rapporte pas ses devoirs. « Il
est ici : il doit être traité comme les autres. » Refuser de voir
la différence est une forme d’exclusion autant que de ne voir qu’elle. « Si
je vois sa voiture j’en crève tous les pneus » rage Sylvain,
impuissant.
Les divergences
entre ses parents à son égard s’aiguisent « Le ménage s’est
défait. » Elisabeth se tourne vers les groupes de soutien pour
familles d’handicapés, dont les Papillons blancs. Sylvain suit une formation,
et est maintenant menuisier dans un centre d’aide au travail.
En 1990, elle se remarie avec Michel, devenu depuis
militant contre l’exclusion, et aujourd’hui secrétaire de l’ACS. « Je
suis timide, nouée quand je dois prendre la parole, mais je n’ai pas le choix. »
Elisabeth
converse posément, aimablement, sans s’épancher sur les difficultés de la vie,
sans doute pour avoir appris depuis longtemps à gérer le malheur au lieu de le
subir.
Les enfants handicapés sont souvent touchants ; les adultes désavantagés gênent plutôt. L’ACS entend favoriser leur intégration dans la société, en proposant toutes sortes d’activités, de la pétanque au théâtre. Elisabeth Verdavaine et les autres parents cherchent à les rendre ainsi plus visibles, en souhaitant qu’un jour leurs handicaps deviennent invisibles.
Les enfants handicapés sont souvent touchants ; les adultes désavantagés gênent plutôt. L’ACS entend favoriser leur intégration dans la société, en proposant toutes sortes d’activités, de la pétanque au théâtre. Elisabeth Verdavaine et les autres parents cherchent à les rendre ainsi plus visibles, en souhaitant qu’un jour leurs handicaps deviennent invisibles.
ACS Tél. 06 83 02 35
L’Union
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