Un grand
tapis oriental couvre l’emplacement habituel de l’autel dans l’église de
Belleu. Autour de ce tapis, une vingtaine d’hommes et de femmes habillés de djellabas
blanc ou ivoire, agenouillés ou assis en tailleur. Sur le mur du fond, le sacré
cœur aux rayons dorés. Le chœur de la confrérie soufie d’Alawiyya est venu de
la région parisienne y donner un récital de chants sacrés de l’Islam. Au
premier rang de l’assistance, le curé de la paroisse. Derrière lui, une assemblée
mixte de chrétiens, musulmans – et mélomanes.
Le soufisme est la voie mystique par laquelle les fidèles
cherchent, non pas à suivre une doctrine, mais à saisir la réalité divine même.
Les chants, a priori étrangers aux oreilles européennes, en fait rappellent par
moments le chant grégorien ; à d’autres, lorsqu’une voix de femme fait de
hautes pirouettes, au dessus du nom « Allah » répété par les autres
choristes, il y a comme une résonance de certaines chansons irlandaises.
Alors, un concert qu’on écoute, ou un rite auquel on
participe ? La même question peut se poser pour une messe de Bach jouée
dans une salle de concert. Ici, c’est l’intense recueillement des choristes qui
en fait un acte de dévotion. Comme à la messe, quelques voix dans l’église se
joignent au chœur.
Pour le directeur du chœur, Bentabet Sahli, l’événement
montre « l’unicité de l’être dans la multiplicité des individus »,
preuve que l’esprit avance sur un seul chemin : seul le moyen de
locomotion diffère.
L’Union
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