Martha Moore s'y installe, en effet, après avoir vécu
longtemps à Dommiers. Musicienne, elle travaille surtout à Paris, notamment
avec les renommés « Arts florissants », spécialisés dans la musique
baroque. « J'ai toujours aimé cette musique. Elle est amène pour
l’oreille. » Elle a des gestes de violoniste pour illustrer ses
propos. « La musique romantique est si... lourde. »
Martha est née à Berkeley en Californie, dans une famille
d'intellectuels libéraux, ce qui détermine son attitude, enfant, envers les
turbulences étudiantes des années soixante.
Après avoir appris le piano, elle choisit le violon et à
vingt ans, sur les conseils d’un professeur, part pour la Haye, haut lieu de la
musique baroque. Elle y termine ses études, se marie avec un musicien
néerlandais. Retourner en Californie ? Elle n’hésite pas : « J’aime
l’Europe. »
Le travail à Paris explique le déménagement avec leur
fille Anna en France, pas trop loin de la capitale. En 2006, après avoir pris
conseil auprès des instances départementales de la musique, elle décide de
créer une association, un ensemble qui s’appellera « La Tierce
picarde ». « Les musiciens d’orchestre veulent toujours jouer la
musique de chambre. »
Le terme « Tierce picarde » trouve son origine
dans la musique ecclésiastique de la Picardie médiévale. Il désigne l’accord final
majeur par lequel un compositeur comme Bach résout une composition écrite dans
une clef mineure : « une sorte de « happy end »,
selon Martha.
Elle sort son violon pour la photo, un instrument flamand
de la fin du 17e siècle. « Je l'ai trouvé à Amsterdam, après avoir cherché
longtemps, chez tous les marchands. »
Martha Moore aborde une performance de façon directe,
sociable - ce qui n’empêche pas à chaque fois le trac. A un récital à Droizy,
elle annonce son programme comme si nous étions chez elle pour prendre un
verre. Puis elle met son violon sous le menton, lève son archet, et les
auditeurs plongent dans les délices sonores du la musique baroque. C'est la
rigueur de cette musique, sa forme s'imposant sur son contenu, qui la rendent
poignante : les mêmes notes et phrasés expriment l’exubérance et l’accablement
de la vie, avec un lyrisme constamment contenu.
L’Union
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires seront vus avant d'être affichés.