Le dilemme est simple. Dans
une ville assiégée en hiver, trois personnes frigorifiées doivent
choisir : grelotter insupportablement, ou brûler le seul combustible qui
reste, les livres – et lesquels ? L’occasion d’un débat passionnant sur la
culture ou le confort, et la valeur des auteurs ? Se réchauffer avec
Homère ou Le Clézio, Tagore ou Baudelaire, Mary Higgins Clark ou
Shakespeare ?
Mais
s’agissant d’Amélie Nothomb, et de sa pièce « Les combustibles », cet
affrontement culturel convenu ne pouvait qu’être dévié. Le sarcasme prédomine.
Il faut comparer des auteurs fictifs : Kleinbettingen ou Sterpenich. Du coup, la discussion sur « la priorité des besoins » devient burlesque. Le vieux
professeur, aux prises avec son assistant et une étudiante, révèle son goût
pour des œuvres dénoncées dans ses cours. Le dernier à s’embraser sera un roman
de gare.
Michel
Boy, déjà venu à Soissons pour « Voies off », impose sa présence
ferme mais sans emphase ; Julie Turin est la frileuse se démenant comme
une diablesse pour avoir chaud près du four ou d’un autre corps ; Grégory Gereboo
montre une raideur juste, qu’il relâche une fois les projecteurs éteints.
La
scénographie joue avec éclat un quatrième rôle. Un mur de livres empilés, tomes
universitaires sur polars, poésie entre histoire et anthropologie, disparaît
pan par pan. Gelés à nouveau, et dépourvus de ce qui justifiait leur vie, le
trio se suicide. Il suffit de se promener sur la Grande place, et un
franc-tireur fera le reste.
La
salle n’était pas pleine. Jean-Marie Chevallier, délégué à la culture, trouve pourtant
le nombre de spectateurs acceptable pour ce petit spectacle, loin du théâtre
« moliérisé » qui attire les foules. Une plus petite salle alors ?
Des travaux sont en cours au sous-sol.
L’Union
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