21/02/2009

Entre deux trains


Un lieu qui compte si peu que les trains passent sans s’arrêter. Trois forains sur la touche, Eddie le bourru, Nono le bourré et la diminutive Jackie qui impose les règles – avec un accent picard, pour le grand plaisir du public au Mail. Un monticule au milieu de la scène, comme un îlot sur lequel vivent ces trois naufragés. Voilà la situation au début des « Forains » de Stéphane Wojtowicz.
Nathalie Cerdà montre son tatouage de foraine.
Puis un train s’arrête. Il en descend Hélène pour éviter son mari, et Olivier, juste pour voir. Le train repart aussitôt, et ils mesurent vite la distance vertigineuse qui sépare le monde des forains du leur. Elle s’en réjouit avec un enthousiasme démesuré, jusqu’à déclarer « sublimes ! » des raviolis dont l’odeur douceâtre flotte encore dans les loges après le spectacle. Lui propose d’aider ces paumés sans même essayer de cacher son hilarité et son mépris pour leur incurie.
Le choc des cultures est rude. Les transfuges du monde des nantis perdent vite leur rang devant la gouaille et la brusquerie des exclus de ce monde-là. La violence plane. Hélène et Olivier sont réduits à trimer pour les forains qui, eux, voient soudain un second train s’arrêter. Ils s’en vont gaiement. Leurs victimes restent là. La pièce finit par virer du comique naturaliste au troublant : arriveront-ils à se sauver, dans les deux sens du terme ?
L’Union

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