La plupart des expositions font découvrir des
nouveautés. Mais parfois elles dirigent un projecteur sur ce qui paraît si familier
que notre attention est émoussée. C’est la fonction de « Bible(s) » à
la Bibliothèque municipale. Anne-Marie Natanson, conservateur, a sorti du fonds
ancien des bibles, manuscrites et imprimées, des traductions, des gloses et des
commentaires. « On montre comment la Bible a été diffusée »
dit-elle. La trajectoire mène des paraphrases du Moyen âge à la remise en
question par la Réforme et à l’austère regard janséniste.
C’est un éblouissement. Il y a des
imprimés, dont les plus anciens font tout pour s’assimiler à un manuscrit. Mais,
surtout, devant de vrais manuscrits le visiteur se trouve à quelques siècles et
à quelques centimètres de la concentration et du recueillement du scribe, qui
alignait les caractères gothiques pendant des années, puis libérait sa
fantaisie dans les enluminures. Dieu, des végétations luxuriantes, d’étranges
créatures, des saints se côtoient en miniature, au point que, de plus loin,
l’œil pourrait glisser sur elles en n’y voyant que de jolis motifs colorés.
Autour des vitrines, l’association Bible
en Soissonnais a réalisé des panneaux qui racontent les origines et le contenu
de la Bible, en privilégiant le livre d’Exode, source de tant d’épisodes
fondateurs de l’aventure monothéiste. Ces éléments, fruit d’un travail
collectif mené depuis dix ans, sont proposés aux collèges et lycées comme
support pédagogique. Ce sont lès pièces du puzzle dont l’assemblage exaltant est
au cœur de l’exposition.
Les organisateurs soulignent l’absence
de tout prosélytisme. Jean-Marie Chevallier, élu délégué à la culture, admet
avoir vérifié cet aspect. Pour l’association, la Bible est un patrimoine de l’humanité,
comme les cathédrales gothiques. Tout le monde peut y entrer et s’en émerveiller,
alors que les croyants y trouvent un supplément d’âme.
« Notez que je ne sors ces
ouvrages du local climatisé que tous les dix ans » rappelle Anne-Marie Natanson. L’exposition est
ouverte jusqu’au 27 février. Il reste donc le mois le plus court de l’année pour
décaper le regard qu’on peut avoir sur la Bible.
L’Union
La Bible
de Braine, traduite du latin de Pierre Comestor, un des trésors du fonds ancien
de la bibliothèque de Soissons.
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