Si le public venu
voir « L’opéra des quat’sous », rajeuni par la présence des élèves
participant aux Journées départementales du théâtre, n’a pas saisi la notion de
« distanciation » après ce spectacle, c’est qu’il ne la comprendra
jamais. La mise en scène insiste en effet sur l’approche de Bertolt Brecht, dans
laquelle le théâtre ne doit pas encourager une identification avec les
personnages sur scène mais, au contraire, rappeler la distance entre le
comédien et ce qu’il joue. L’acteur n’est pas son personnage, il l’illustre. La
mise en scène ne reproduit pas la réalité, elle aide à la décortiquer. Le
public n’est pas simple récepteur d’images, il est entraîné dans une
dialectique. Ce théâtre est politique.
Les
six acteurs-chanteurs imposent puissamment leur présence, mais s’effacent aussi
pour manier des marionnettes-carcasses, conçues dans le style des
expressionnistes allemands. Cela dédouble la distance – encore elle ! –
entre scène et salle.
Sur
une partition de Kurt Weill, « la
musique la plus merveilleusement insultante que j’ai jamais entendue »
selon le critique Walter Kerr, on raconte la vendetta entre Peachum, formateur
en mendicité, et le fripon séduisant Mackie. Peu recommandables, l’un et
l’autre, et qu’utilise Brecht pour narguer le monde bourgeois : quel est
le malfrat, demande-t-il, celui qui fonde ou celui qui vole une banque ? A
bon entendeur d’actualité, salut !
L’Union
Mackie,
homme et marionnette, se préparent tous deux à être pendus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires seront vus avant d'être affichés.