La danseuse Anne Minetti affronte une citerne cabossée. |
Loin
du confort bleuté de la grande salle, sa scène, ses rideaux, ses coulisses qui
cachent la mécanique du spectacle, les habitués du Mail se sont retrouvés sur
le site sinistré des usines Delafon, pour assister à « Chemin de
fer ». Dans ce spectacle sur l’effacement historique de la classe ouvrière,
à travers l’histoire de la SNCF, tous les moyens théâtraux sont employés,
danse, chant, musique enregistrée, vidéo, percussion, éclairage, pour
transmettre l’expérience des travailleurs du rail. De lourds objets industriels
sont maniés, dont une grande citerne cabossée, déplacée avec difficulté par les
acteurs.
Le
spectacle évoque l’histoire d’un groupe de jeunes qui, chacun pour ses raisons,
n’ont pas pris la voie tracée par leurs parents ouvriers. Après le spectacle,
les comédiens ont révélé qu’il s’agit de leurs propres vies. Ils sont devenus
acteurs de la compagnie Metalovoice de Nevers sans fréquenter une école de
théâtre.
La
mise en scène de Pascal Dores fonctionne comme une mécanique huilée, chaque
détail réglé devant nos yeux. Une sorte d’opéra rock, alors, sur le déclin du
secteur industriel ? En fait, derrière le mouvement frénétique et les
bruits assourdissants, au centre du spectacle il y a le texte, où l’écrivain
Christophe Martin a « mis en mots » les paroles des membres de la
troupe. La pièce s’illumine lorsque, deux acteurs disent leur admiration pour leur
père. Ouvriers exploités et épuisés – « il s’endormait en mangeant »
– ils restent pourtant des héros pour leurs fils.
L’Union
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