Skip et Nicole Wiemeyer et leur quatre
enfants Klaus (9 ans), les jumeaux Oren et Reese (7 ans) et Elke (13 mois) se
préparent pour descendre au bord du lac au camping de Berny-Rivière. Ils
apporteront tout le matériel habituel : maillots, serviettes, ballons, rafraîchissements,
affaires de bébé. Il y a un accessoire de plus : la chaise roulante de
Reese, un engin compliqué avec un harnais qui retient son corps en place, et
même des oreillettes pour maintenir la tête.
Reese souffre d’une sévère paralysie
cérébrale. Alors que son grand frère et son jumeau dévalent la plage, Reese
attend sous un parasol que son père ait fini de discuter, pour l’amener au
mini-golf. « Reese est fou de
sports » explique Nicole. « Il
aime le foot à la télévision. Il suit notre équipe locale, mais il est fan de
Manchester United. Il a même été leur mascotte, et il a rencontré Wayne
Rooney ! » Je laisse
voir combien je suis impressionné.
« Il
est très intelligent, sans aucun handicap intellectuel. Quelle est ta matière
préférée, Reese ? » Il
répond, avec un grand sourire. Nicole traduit pour moi cette langue que, comme
un touriste peu doué, je me sens bête de ne pas comprendre « Les maths ! »
Les Wiemeyer parlent avec l’accent
américain de Boston, celui qui se rapproche le plus de la prononciation des
Anglais. Mais ils habitent Sheffield au nord de l’Angleterre. « Nous nous y sommes installés en 2006
à cause de Reese. » La ville héberge une antenne de l’institut
hongrois Petö, qui prétend aider les enfants comme Reese par « l’éducation
conductive », dans laquelle l’enfant est engagé chaque jour dans un long
processus d’exercices physiques. Skip, qui travaille pour une société
d’investissement, a pu être transféré à Londres, et la famille a déménagé. « Je passe trois nuits par semaine dans
la capitale, et vis le reste du temps à Sheffield. »
Ils s’efforcent à présent de voir tout
ce qu’ils peuvent avant leur retour aux Etats-Unis. « J’aime cette habitude européenne de prendre trois, quatre semaines
de vacances. » Pourquoi repartir ? « Nous ne savions pas la gravité de l’état de Reese. Il n’a pas appris
à marcher, comme nous espérions. Mais il articule mieux. »
Quel que soit leur dépit intérieur, ils ont
ce don américain de se concentrer sur ce qui est positif dans chaque expérience.
Reese part avec son père au golf. Klaus
et Oren gambadent dans l’eau. Elke patauge entre les jambes de sa mère. Voilà
une famille où un enfant handicapé prend toute sa place, mais pas toute la
place.
L’Union
Skip et
Nicole Wiemeyer avec leur quatre enfants,
Klaus (à gauche), Oren, Reese et
Elke.
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