Le camping-car aux plaques néerlandaises
pénètre dans le camping de Soissons et, les formalités accomplies, se dirige
vers son emplacement. Il se fait remarquer parmi les géants rutilants par sa
petitesse et sa vétusté.
La famille descend. Père, mère, fils,
fille. Pour cette chronique d’été, ferait-elle double emploi avec les
Kristiansen (voir Bettina, Jesper, Sara, Lukas : les Danois du camping du 11/08/09) ? Non, d’abord parce qu’ils sont néerlandais, pas
danois. Les Pays Bas, comme la France, ont façonné la culture européenne
dominante, alors que le monde scandinave n’y est venu que plus tard.
Peter et Esther van Rooij et leurs
enfants, Sam dix ans et Tess huit, se prêtent volontiers à l’exercice de
l’entretien, mais sans enthousiasme exagéré. « Nous avons une vie sociale trépidante chez nous, et nous ne
cherchons pas les rencontres en voyageant. « Bonjour – au revoir »,
c’est tout. »
Peter est routier, Esther travaille dans
une société américaine. L’habituelle question se pose : comment
parlent-ils si bien anglais ? « C’est
plus facile que le néerlandais » prétend Peter !
Ils habitent Eindhoven, berceau de la
marque Philips et l’équipe de foot PSV. Peter est abonné au stade depuis vingt
ans. « Quand je suis là avec Sam et
35 000 spectateurs, c’est impressionnant ! »
Le camping car pas tout neuf ?« A vingt ans nous voyagions avec un
sac à dos. Avec les enfants, c’était la tente, puis nous avons pu acheter ce
véhicule d’occasion pour le prix d’une nouvelle tente. Mais quand ils seront
plus grands, nous reprendrons tous le sac à dos. Nous irons en Grèce. »
Esther admet vouloir chaque fois voir du
nouveau, cette année le viaduc de Millau. « Notre
devise c’est « carpe diem », savourer la vie un jour à la fois. D’ailleurs
nous avons presque quarante ans, et c’est maintenant ou jamais pour faire ces
choses. » Elle parle comme si la vieillesse les suivait de près.
Pourquoi Soissons ? « Nous ne voulions pas faire plus de
300 kilomètres par jour, et Soissons se trouve dans ce rayon, et pas trop loin de
la grande route. » Ils iront voir le centre-ville, mais repartiront demain
matin vers le Cap d’Agde. Je propose de les
amener en ville. « Merci, nous avons
nos vélos. » Décidément, en restant aimables, ils ne tiennent pas à
laisser entrer des tiers dans leur cercle.
Pour les Van Rooij, voyager c’est
découvrir le monde mais en gardant leurs distances avec les gens. C’est une
attitude apte à rendre plus intense leur observation de ce qu’ils voient, ce
qui se passe, ceux qui passent.
L’Union
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