Un détail révèle tout de suite la différence entre un
« concert de poche » et un spectacle dans une grande salle. Le
guitariste Jean-Baptiste Laya arrive sur l’estrade montée au Centre social St
Waast et dit « Bonsoir ». La salle lui répond « Bonsoir ». La
distance entre musicien et public est abolie. C’est bien l’objectif recherché
par Gisèle Magnan, fondatrice de l’association « Concerts de poche ». Elle veut faire venir de grands artistes dans de
petites salles de quartier avec, en amont, un effort de sensibilisation d’un
nouveau public.
Jean-Baptiste Laya a consacré presque
tout son récital à la musique de Django Reinhardt, manouche illettré mort a quarante-trois ans, et inspiration incandescente de générations de jazzmen. Au lieu de sentir
comme une privation l’absence d’autres instruments, nous avons eu le privilège
de n’entendre que les notes que jouait Django à sa guitare.
C’est une créativité infinie qui se
révèle, une musique qui explore tous les recoins d’un thème, sans jamais
s’installer confortablement dans une mélodie accompagnée d’un fond rythmique. Cette
déferlante ne permet pas à l’attention de l’auditeur de se relâcher, de
s’endormir dans une écoute plaisante et paresseuse. Django – et Jean-Baptiste –
donnent à chacun le sentiment d’être lui-même créateur.
Après le concert le guitariste se glisse,
presque timide, dans la foule, tout le contraire de la star émergeant de
l’entrée des artistes, attendue par ses fans en délire.
L’Union
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