Francis Diot joue l'accordéon de son père. |
D’où vient la force de ce lien-là ?
« Les enfants sont
insouciants » selon Francis, et le souvenir de cette insouciance,
derrière le masque adulte, rend de telles retrouvailles faciles. Il y a un air
de cour de récréation.
Ils partagent une autre partie du passé.
Beaucoup des participants ont grandi dans la cité du Bois des Sapins, montée
d’urgence après la destruction de la ville en 14-18. L’urgence s’étant
éternisée, les derniers baraquements n’ont été démontés que lors de la
construction de logements sociaux dans les années 70.
De sinistres alignements de
baraques ? Pas du tout : Jean-Paul Belaïd rappelle « les petites maisons, les poulaillers,
les jardins, les terrains de jeux et les étangs ». Mais aucun
confort : des points d’eau aux coins de rue, une cuisinière pour seul
chauffage, pas d’électricité, sauf quand certains l’installent, comme le père
de Francis, égoutier à la Ville, pour ses huit enfants.
La solidarité est puissante : « Nous ne fermions jamais la porte à
clef. ». Sa femme Nicole, enfant unique d’une famille plus aisée, en
est à lui envier ce passé d’enfant de la cité.
Les gens ont aussi envie de s’en sortir,
et du travail il y en a à l’époque. Francis est recruté aux cartonneries de
Villeneuve, et finit cadre.
Comme son père, il joue de l’accordéon. « A dix ans je jouais dans les
épiceries. Quelqu’un passait une casquette. » Il anime encore des
réunions, cherchant moins à époustoufler par sa technique qu’à accompagner en
musique la convivialité.
En l’absence d’archives, « comme si la ville en avait
honte », il entreprend l’écriture d’un livre de témoignages. Pour
Francis, il parle de « la vie des cités » où qu’elle se soit menée.
C’est aussi un voyage en lui-même, vers ses racines. Il a commencé une suite. A
travers l’Amicale, le Bois des Sapins reste ainsi vivant.
L’Union
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