14/12/2009

Une malédiction en héritage


Les comédiens en tournée aiment bien Soissons. Ils peuvent venir l’après-midi, jouer, et repartir aussitôt à Paris, vite fait bien fait. Une compagnie « en résidence » c’est autre chose. Les acteurs sont non pas des touristes mais des voisins. Le projet de la compagnie de l’Arcade amène ses membres chez les habitants, qui viennent alors les voir sur scène. Les spectateurs sont impliqués avant et en prolongement de chaque spectacle.
 « Reines perdues » se construit à partir d’extraits des tragédies de Racine. Pour le réalisateur Vincent Dussart, ses héroïnes comme Andromaque, Iphigénie ou Phèdre n’ont jamais connu la sécurité que donne l’amour attentif parental, seule capable de faire grandir. Elles restent dépendantes des hommes qu’elles croient aimer, père, époux, fils. Elles vivent en réaction, pas en action. Comme Œdipe, que nous avons vu dans la pièce de Sophocle en novembre, elles reçoivent leur malédiction en héritage - on dirait un fil rouge de la saison au Mail.
Quatre comédiennes partagent les rôles. Toutes de soie rouge vêtues, chaussées de talons hauts, emprisonnées ainsi dans la séduction comme les femmes de Toulouse Lautrec, ce peintre de la fatigue féminine, elles crient et gesticulent, mais dans l’impuissance.
Un moment émouvant après le spectacle lorsque deux des comédiennes descendent l’escalier vers le hall d’entrée. Un groupe de spectatrices, habitantes de Soissons avec lesquelles elles avaient travaillé, applaudit. Elles jouent un instant les stars sur les marches, puis toutes se rejoignent dans le plaisir des retrouvailles.
L’Union





Détendues après le spectacle :
de gauche à droite Agnès Renaud,
Anne de Rocquigny, Sophie Torresi
et Virginie Deville.

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