22/01/2010

Le plaisir d’être tristes ensemble


Agnès Jaoui, artiste multi-talentueuse s’il en est – comédienne, metteur en scène, scénariste – est venue au Mail chanter, à l’occasion de la sortie de son album « Dans mon pays ». La musique est surtout « latino », avec même un numéro en « ladino », qu’elle appelle « le yiddish des juifs ashkénazes ».
Elle invite le public au « plaisir d’être tristes ensemble ». En effet, les chansons puisent souvent dans la souffrance et le dépit de femmes délaissées. D’autres parlent de la nostalgie des exilés. La chanson-titre, écrite par Jaoui, évoque un pays inimaginable où « les amoureux sont protégés ».
Elle est accompagnée par « El quintet oficial », six musiciens – si ! – venus pour la plupart d’Amérique latine. Entre les chansons elle intercale un discours aimable mais décousu, parfois laborieux. Aurait-elle mieux fait de le gommer ? En fait, ses remarques servent à mettre une distance entre cette artiste française et ses chansons en espagnol ou portugais. Elle interprète ces autres cultures pour son public. Quand un des musiciens intervient dans un numéro de flamenco avec une voix rauque et authentique, la salle est saisie.
Une soirée triste, alors ? Le paradoxe de la musique est de pouvoir exprimer la plus grande douleur, et d’émouvoir ceux qui l’écoutent, sans les accabler.
L’Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.