Quelques
gloussements dans la salle ont accompagné le début de ce long monologue par
l’acteur Bernard Crombey. Il est « Motobécane » – le surnom vient de
son mode de transport habituel – en prison pour avoir hébergé une jeune fille
qui fuguait. Un salaud, alors ? Au fur et à mesure qu’il se raconte, nous
voyons plutôt un marginal, jamais intégré, mais innocent de ce qu’on lui
reproche. Il a agi par bienveillance envers la fillette. Seulement, il est à
l’écart de la société au point de ne pas envisager le jugement qu’elle allait
porter sur son comportement. Au lieu de rayonner, son innocence est trop
épaisse pour être visible.
Dans son
jeu, l’acteur ne se permet aucune complaisance pour rendre Motobécane sympathique.
Il prend même la mine rebutante des grands bourreaux qui nous regardent dans
les pages de faits divers des journaux.
L’exploit de
Bernard Crombey est d’amener cet homme de la périphérie sociale qu’il habite et
de le planter devant nous, en dévoilant son humanité.
Les rires du
début ? Ils reflètent l’autre défi relevé par Bernard Crombey :
adopter un fort accent picard, inhabituel lui aussi sur une scène de théâtre. Au
cinéma il ne fait que rire. Alors que le spectacle se déroule, aussi bien
Motobécane que son accent émergent des positions marginales qu’ils occupaient
pour investir le centre de notre attention. Non seulement ils deviennent
émouvants, mais ils imposent le respect.
L'Union
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