Les effets de la maladie sur l’aspect d’un malade
peuvent être aussi difficiles à supporter que le mal lui-même. Il doit subit le
regard de son entourage. Les dégâts causés par une chimiothérapie sont
particulièrement lourds alors que, ironiquement, ils font partie du traitement,
non pas de la maladie. Les cheveux de femme sont rarement un élément neutre
pour elle, et leur perte soudaine peut être insoutenable. Elle peut se sentir
monstrueuse, dénudée, objet de pitié et, elle le craint, de ridicule.
Sans être coiffeur lui-même, David
Montigny travaillait dans un salon de coiffure, ouvert avec son compagnon
Samuel Coleto en 2008, lorsqu’il a appris l’expérience d’une cliente. « Elle avait commencé à perdre ses
cheveux. Elle s’est trouvée chez un coiffeur à Reims où, devant les clients, on
lui a rasé la tête et fait essayer des perruques. »
Peu de temps après, une amie s'est trouvée
face au même dilemme. David Montigny est allé chez elle et, dans sa salle de
bains, lui a rasé la tête. « C'était d'une telle intimité », dit-il pour
expliquer l'impact de ce moment sur lui.
Il s'est rendu compte du besoin d'un lieu
discret, accueillant, où, non seulement les perruques seraient essayées et
retouchées, mais la personne serait aussi écoutée dans son trouble. « L'amie ne parlait qu'à nous, à personne
d'autre. »
En février de cette année, à côté du salon,
déjà retiré dans sa cour intérieure, ils ont ouvert un lieu d'accueil, calme et
sobre. Quelques perruques y sont exposées. L'amie dont ils se sont occupés n'en
aura pas profité : elle est décédée en janvier.
David Montigny insiste sur le sérieux de son
engagement : « Je prends le temps,
parfois une heure, pour écouter longuement. » Il a suivi des formations,
établi une charte pour fixer les engagements du salon. Et les effets sur lui ? « Moi, j'ai besoin de Samuel après une
séance, car tout, tout est négatif, et il faut porter tout ce qui est confié. »
Il a appris, comme un thérapeute, à garder la distance qui le protégera et qui
n'atteindra pas l'indépendance du client.
Comment faire connaître ce service ? « Les associations comme Avec, Jalmalv, les
infirmières d'annonce et autres peuvent orienter les patients et usagers. Le
bouche-à-oreille est la meilleure publicité. »
David Montigny a lui-même le crâne rasé.
Curieux pour quelqu’un dans le monde de la coiffure ? « Je n’avais pas le choix. » Seule différence : ce
qui est considéré comme une difformité ou excentricité pour une femme est un
signe de virilité pour un homme.
L’Union
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