Décidément, cet été les gens du Nord
n’abordent la ville de Clovis qu’en convoi… Après les deux couples néerlandais
(voir l’Union du 22 juillet), quatre Anversois arrivent sur deux bateaux. Louis
Claes et Huguette Froment voyagent sur le « Gemini », Willy Pieters
et Micheline Vos sur « l’Avalon ».
Dans quelle langue les échanges
auront-ils lieu ? Prudemment je propose l’anglais, pour ménager les
susceptibilités flamandes, mais tous répondent en français. Ils sont trois
« pensionnés » et une active, Huguette, femme de ménage. Louis a été
employé municipal, Micheline professeur de mathématiques
d’« athénée » (le lycée belge), et Willy gérait le chargement de
navires au port d’Anvers.
Nous commençons à parler. C’est plus une
fête du verbe qu’un entretien, car leur humour est contagieux. Tout est
prétexte, non pas pour des blagues – belges ! – mais pour faire preuve de
verve conversationnelle.
Les deux couples s’entendent si bien
qu’ils font toujours ensemble ces lents trajets de plusieurs mois. « Une heure de voiture équivaut à un
jour de bateau » explique Willy, « Sur
un bateau on a le temps, la nature et la liberté. » « L’Avalon »
avait appartenu aux parents de Micheline, et elle l’a gardé par amour des
voyages en bateau, en le renommant. Le nom évoque l’ile où le Roi Arthur est
mort, et Willy admet sa tonalité mystique. Le nom de l’autre bateau
s’expliquerait, selon Huguette, par le signe astrologique de Louis.
Pourquoi s’arrêter à Soissons ?
Pour une raison pratique : un disque de moteur s’étant cassé sur le
« Gemini » à Bourg-et-Comin, il est arrivé péniblement – et
bruyamment – à la halte fluviale. Ils devront trouver les pièces nécessaires.
Ils ont visité la ville, s’enquièrent de la légende du vase, et demandent où
ils peuvent trouver de bonnes frites, tout en riant de s’entendre confirmer un
tel cliché sur leurs compatriotes.
Risquons un sujet autrement délicat. Le
séparatisme flamand ? « La
Belgique est déjà trop petite ! » fulmine Micheline. Aucun ne
souhaite la sécession des Flandres.
Je les revois le lendemain. Besoin de
précisions, d’un supplément d’information ? Non, pour leur apporter deux
boulons achetés dans un magasin de bricolage. La presse ne peut pas toujours
garder sa position de froide observatrice des agissements humains. Ils avaient
dîné dans une brasserie de centre ville où, moyennant des ajustements au menu,
ils ont pu se faire servir de bonnes frites.
L’Union
Louis et Huguette Claes devant Micheline et
Willy Pieters, dans la cabine du « Gemini ».
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