La préparation de l’exposition actuelle à la Bibliothèque,
« Maupassant et les femmes », a commencé il y a trois ans, lorsqu’Anne-Marie
Natanson, conservateur en chef, s’est mise à la lecture. « D’abord, j’ai relu ses œuvres dans l’édition de la Pléiade, donc
par ordre chronologique. Puis j’ai les ai lues encore, en mettant des Postit,
avec des mots clefs. » Evidemment, le fait d’aimer tant cet auteur l’a
aidée à tenir.
Le résultat s’expose sur de grands panneaux, où des femmes vues par
Manet, Renoir, Monet, Klimt et Mucha avoisinent des extraits des contes de
Maupassant. C’est ici que le travail de préparation prend sa valeur. L’ordonnancement
par mots clefs donne sens aux fragments de texte.
« Attendri », « Lascif »
« Mortel » : les étiquettes pointent l’essence des textes – lesquels
les illustrent en retour. « Ses yeux
disent ce que tait sa bouche » : le lecteur ne peut être
qu’« Emoustillé ». C’est un brillant précipité du sujet que propose
l’exposition.
Elle trace la misogynie grandissante jusqu’à la démence de Maupassant.
Alors d’où vient le plaisir à la regarder ? L’écriture concise, élégante,
nerveuse de l’écrivain, sa lucidité, sa capacité à se mettre dans les
personnages qu’il crée mais sans s’y perdre, nous permettent de nous émouvoir
et en même temps de garder une distance : voilà peut-être une définition
du grand art.
Un signe du succès de l’exposition : la table où les œuvres de
l’écrivain s’empilent s’est déjà vidée au trois quarts.
L’Union
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