18/09/2010

Les mots clefs pour Maupassant


La préparation de l’exposition actuelle à la Bibliothèque, « Maupassant et les femmes », a commencé il y a trois ans, lorsqu’Anne-Marie Natanson, conservateur en chef, s’est mise à la lecture. « D’abord, j’ai relu ses œuvres dans l’édition de la Pléiade, donc par ordre chronologique. Puis j’ai les ai lues encore, en mettant des Postit, avec des mots clefs. » Evidemment, le fait d’aimer tant cet auteur l’a aidée à tenir.
Le résultat s’expose sur de grands panneaux, où des femmes vues par Manet, Renoir, Monet, Klimt et Mucha avoisinent des extraits des contes de Maupassant. C’est ici que le travail de préparation prend sa valeur. L’ordonnancement par mots clefs donne sens aux fragments de texte.
« Attendri », « Lascif » « Mortel » : les étiquettes pointent l’essence des textes – lesquels les illustrent en retour. « Ses yeux disent ce que tait sa bouche » : le lecteur ne peut être qu’« Emoustillé ». C’est un brillant précipité du sujet que propose l’exposition.
Elle trace la misogynie grandissante jusqu’à la démence de Maupassant. Alors d’où vient le plaisir à la regarder ? L’écriture concise, élégante, nerveuse de l’écrivain, sa lucidité, sa capacité à se mettre dans les personnages qu’il crée mais sans s’y perdre, nous permettent de nous émouvoir et en même temps de garder une distance : voilà peut-être une définition du grand art.
Un signe du succès de l’exposition : la table où les œuvres de l’écrivain s’empilent s’est déjà vidée au trois quarts.
L’Union

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