Son visage, aussi dépourvu de traits
marquants que son nom, est du genre à faire penser tout le temps à quelqu’un
d’autre, le cousin de Cambrai ou le beau-frère parti dans le Lot-et-Garonne. Le
spectacle de François Morel au Mail est constitué de chansons aux paroles bien
rimées et à la musique mélodieuse. Les trois autres musiciens sont habillés,
les femmes en belles des années de guerre (talons hauts et chaussettes blanches
pour l’une d’elles), l’homme en petit fonctionnaire.
Il serait tentant de s’assoupir
agréablement devant ce spectacle, écouter distraitement en pensant à autre
chose. Mais derrière l’image lisse, François Morel éveille son public en envoyant
bon nombre de coups de poing aux clichés du genre. Un SDF chante plaintivement
dans sa maison de carton au dessus d’une bouche de Métro. Une grand-mère, pas
contente de massacrer papy au couteau, le fait cuire aux petits oignons, quitte
à souffrir de ballonnements pendant qu’elle le digère.
Dans son billet à France Inter le matin
du spectacle, et avec la même gourmandise langagière que le soir, François
Morel regrettait les vieux mots devenus chômeurs et quémandant du travail aux
passants.
« Le soir, des lions », titre
élégiaque du spectacle, en fait vient d’un patron italien parlant d’ouvriers en
tournée des bars : « Le soir, des lions ; le matin, de pauvres
c… ». François Morel n’a pas recours aux points de suspension.
L’Union
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