08/03/2011

Coups de poing derrière l’image lisse


Son visage, aussi dépourvu de traits marquants que son nom, est du genre à faire penser tout le temps à quelqu’un d’autre, le cousin de Cambrai ou le beau-frère parti dans le Lot-et-Garonne. Le spectacle de François Morel au Mail est constitué de chansons aux paroles bien rimées et à la musique mélodieuse. Les trois autres musiciens sont habillés, les femmes en belles des années de guerre (talons hauts et chaussettes blanches pour l’une d’elles), l’homme en petit fonctionnaire.
Il serait tentant de s’assoupir agréablement devant ce spectacle, écouter distraitement en pensant à autre chose. Mais derrière l’image lisse, François Morel éveille son public en envoyant bon nombre de coups de poing aux clichés du genre. Un SDF chante plaintivement dans sa maison de carton au dessus d’une bouche de Métro. Une grand-mère, pas contente de massacrer papy au couteau, le fait cuire aux petits oignons, quitte à souffrir de ballonnements pendant qu’elle le digère.
Dans son billet à France Inter le matin du spectacle, et avec la même gourmandise langagière que le soir, François Morel regrettait les vieux mots devenus chômeurs et quémandant du travail aux passants.
« Le soir, des lions », titre élégiaque du spectacle, en fait vient d’un patron italien parlant d’ouvriers en tournée des bars : « Le soir, des lions ; le matin, de pauvres c… ». François Morel n’a pas recours aux points de suspension.
L’Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.