Les voisins de la reine d'Angleterre

L’intérieur du camping-car s’étend en longueur à partir des deux luxueux sièges pivotants à l’avant. Coin télé, cuisine, douche et toilettes, jusqu’aux marches menant à la chambre à coucher, tout est en tons de bois clairs. Est-il difficile de manœuvrer un tel engin, conçu, qui plus est, pour rouler à gauche ? Charles Bew sourit : « Après tout ce que j’ai conduit en neuf ans de l’armée britannique ? Non. » Il trouve que les routes de France sont excellentes. « C’est un tel plaisir à conduire ici. » Avec sa compagne Jill Biggs, il rentre de trois semaines dans l’est de la France. Ils ont fixé l’itinéraire d’après les conseils d’amis. « Vous devez voir Soissons » : c’est pour cela qu’ils sont au camping. En arrivant, ils décident de rester deux jours, au lieu d’un seul.

Le couple habite King’s Lynn dans le Norfolk à l’est de l’Angleterre « tout près de Sandringham », précisent-ils. C’est la vaste retraite campagnarde de la Reine.

Après avoir exercé de multiples métiers, Charles a travaillé dans le plus grand magasin de fleurs de la ville voisine de King’s Lynn, propriété de la famille de Jill. « Je faisais des livraisons, je préparais même des couronnes. »

Il y a deux ans ils ont acheté le vaste camping-car, et ont décidé d’aborder le Continent cet été. Chacun ayant subi une intervention majeure, l’autonomie du véhicule leur permet de gérer plus facilement leur appareillage médical.

Jill parle français un peu, Charles pas du tout. Leurs contacts ont alors été plutôt avec d’autres touristes. Apprenant qu’ils sont anglais, une Allemande de Dresde leur dit « Vous avez bombardé ma ville. » Jill sourit : « Je ne lui ai pas dit que mon père appartenait à l’escadron en question ! »

Charles et Jill sont systématiquement positifs, se réjouissent de découvrir Soissons, s’amusent de tout, dont l’idée que la première fois que leur photo paraîtra dans la presse sera dans un journal français. 

L'Union