Le propre des intérieurs gothiques est de tirer le regard vers le haut, sur ces arcs brisés qui portent tant de poids avec légèreté. L'effet est renforcé au réfectoire de Saint Jean des Vignes par sa récente restauration, tout en jaune et blanc, comme au 14e siècle.
Ce n’est qu’ensuite
que le regard descend, pour se poser sur le sol tapissé de panneaux de toile.
Pour « Lieux communs » la première exposition à s’y tenir, l’artiste
Daniel Chompré montre le résultat de dix ans de travail. Opposé à
l’investissement de lieux sacrés par des artistes préoccupés de « se mettre en avant », comme
il dit, il a accepté ce lieu « parce
que c’est un réfectoire, un lieu de partage ».
Chompré aime
les supports peu conventionnels. « Curieux,
quand il y un cadre, c’est une toile ; sans cadre, c’est du textile ».
Il a récupéré des sacs d’hôpitaux militaires en fil de lin, avec des œillets
pour le cordon. Il les a défaits, dépliés, et depuis dix ans il les travaille,
surtout avec des crayons gras.
Daniel
Chompré parle avec la bonne humeur d’un homme qui s’exprime dans son art, et avec
simplicité. Le positionnement par terre a-t-il été étudié ? « Non, nous les prenions en les
déroulant. » Il travaille à plat ou au chevalet ? « Je les pose sur une table, et les
tire vers moi au fur et à mesure. »Pourquoi tant de carrés sur ces
toiles ? « Je suivais les plis
des sacs. » Mais il y a des triangles aussi. « Les faux plis. »
Cette œuvre
est immense et subtile. Plutôt de la scruter, il s’agirait de se laisser la
regarder, longuement, paisiblement.
L’Union
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