16/09/2011

Daniel Chompré met ses œuvres par terre

Le propre des intérieurs gothiques est de tirer le regard vers le haut, sur ces arcs brisés qui portent tant de poids avec légèreté. L'effet est renforcé au réfectoire de Saint Jean des Vignes par sa récente restauration, tout en jaune et blanc, comme au 14e siècle.
     Ce n’est qu’ensuite que le regard descend, pour se poser sur le sol tapissé de panneaux de toile. Pour « Lieux communs » la première exposition à s’y tenir, l’artiste Daniel Chompré montre le résultat de dix ans de travail. Opposé à l’investissement de lieux sacrés par des artistes préoccupés de « se mettre en avant », comme il dit, il a accepté ce lieu « parce que c’est un réfectoire, un lieu de partage ».
    Chompré aime les supports peu conventionnels. « Curieux, quand il y un cadre, c’est une toile ; sans cadre, c’est du textile ». Il a récupéré des sacs d’hôpitaux militaires en fil de lin, avec des œillets pour le cordon. Il les a défaits, dépliés, et depuis dix ans il les travaille, surtout avec des crayons gras.
    Daniel Chompré parle avec la bonne humeur d’un homme qui s’exprime dans son art, et avec simplicité. Le positionnement par terre a-t-il été étudié ? « Non, nous les prenions en les déroulant. » Il travaille à plat ou au chevalet ? « Je les pose sur une table, et les tire vers moi au fur et à mesure. »Pourquoi tant de carrés sur ces toiles ? « Je suivais les plis des sacs. » Mais il y a des triangles aussi. « Les faux plis. »
    Cette œuvre est immense et subtile. Plutôt de la scruter, il s’agirait de se laisser la regarder, longuement, paisiblement.
L’Union

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