Assis sur quatre tabourets, chacun sous un réverbère qui met son visage en
contre-jour, les quatre acteurs sont en place lorsque le public entre.
Habituellement, c’est nous qui prenons place et attendons le lever de rideau,
ou que les acteurs entrent en scène. En pénétrant dans un espace déjà investi,
nous sommes comme des intrus : nous regardent-ils ? Un long silence, et
la pièce commence.
Cet assemblage de textes de Xavier Durringer et Eugène Durif est une
anthologie de démarches garanties à massacrer une relation. Froideur,
exigences, timidité maladive, violence : chaque tentative laisse voir
l’improbabilité du bonheur.
En glissant d’un rôle à un autre, avec de constantes ruptures de ton, passant
des rires aux cris, de l’anxiété à la forfanterie, Sophie Torresi, Virginie
Deville, Xavier Czapla et Vincent Dussart dessinent à fins traits des êtres qui
essaient de trouver dans l’autre ce qui leur manque en eux-mêmes. Comme un
chien en divagation, chacun court vers le premier venu, espérant y trouver un
gentil maître et un foyer chaud. Seuls un couple qui se regarde dans un parc,
et deux autres paquets de nerfs dont les angoisses sont assorties, pourront faire
un bout de chemin ensemble – mais vers quoi ?
Spectacle affligeant ? Non, car le théâtre tel que le jouent les
comédiens de l’Arcade crée une distance libératrice qui permet aux spectateurs témoins
de tous ces ratages de repartir, non pas désolés mais plus lucides.
Devant, Xavier Czapla et Virginie Deville ; derrière : Sophie Torresi et Vincent Dussart. |
L’Union
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