Un dragon rouge
flotte sur fond vert et blanc au-dessus de la caravane. D’autres, plus petits,
courent sur une guirlande autour d’un grand auvent. Des ballons ajoutent à
l’air de fête.
« Vous êtes donc
Gallois ? » La famille Price répond à la question avec de grands
sourires, contente d’être identifiée par l’emblématique dragon de la
principauté de Galles.
Les décorations ont été installées pour l’anniversaire de Rhian, fille
de Heulwin et de Cynthia Price. Comme pour tant de touristes d’outre-manche, Soissons
constitue une bonne première escale après la traversée – ou une dernière avant
de repartir. Les Price se dirigent vers la vallée de la Loire.
Ce sont des habitués de la France, à cause du jumelage entre Locminé en
Bretagne et leur bourg de Pontardawe, dans une des célèbres vallées vertes du Sud
gallois. Chaque année les habitants se rendent visite. Les Price reçoivent
toujours la même famille, qui les héberge à son tour. « Nous du Sud nous sommes plus proches des Bretons que des Gallois
du Nord. »
Il y a longtemps que le déclin industriel des vallées a amené Heulwin à
quitter son poste de soudeur pour un travail avec la compagnie galloise des
eaux. Rhian est étudiante à l’université d’Aberystwyth.
Heulwin illustre sa féroce préférence pour sa nation, plus que pour
l’état qui l’englobe, par une anecdote qui en dit long aussi sur les loyautés
bretonnes.
« Pour le dîner d’accueil à
Locminé, chaque table était décorée de quatre drapeaux, le tricolore français,
le noir et blanc breton, le drapeau du Royaume uni et le dragon gallois. Après
quelques verres, je prends l’Union jack, l’enroule et le plonge dans une
bouteille vide. « Ce n’est pas mon drapeau ! » Un Français me
regarde longuement, prend le drapeau français, et fait la même chose.
« Mon drapeau à moi c’est le breton. »
Tous les trois parlent le gallois, mais en seconde langue, même si
Heulwin et Cynthia n’ont appris l’anglais qu’à l’école. Les Gallois ont la
réputation de tous savoir bien chanter – il faut les entendre entonner
« Cymru » avant un match de rugby. Cette réputation est-elle méritée ?
« Pas tellement, c’est surtout que nous
aimons tant chanter. » D’ailleurs, l’anglais tels qu’ils l’utilisent a
des intonations si mélodiques qu’ils chantent déjà en parlant.
Je les laisse à leur fête. Terminons par souhaiter à la fille Price un
joyeux anniversaire dans cette langue qui traduit leur identité profonde :
« Pen blydd happus Rhian. »
L’Union
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