06/12/2011

Ce que deviennent les femmes

Prendre un ton grave pour un sujet grave : Pauline Bureau a écarté cette option en mettant en scène « Modèles ». Le sombre sort fait aux femmes est illustré par un spectacle en forme de revue, menée rondement. En textes, saynètes et chansons, quatre comédiennes jouent des scènes d’impuissance et d’humiliation, avec une vigueur qui ne faillit pas. Souvent, elles se tiennent simplement ensemble au devant de la scène, et racontent : chaque fois, les trois autres écoutent, avec bienveillance et par solidarité.
Petites filles, jeunes femmes, trentenaires, ces femmes se trouvent confrontées aux schémas de soumission, de faiblesse, d’irresponsabilité et de trivialité que leur imposent les hommes. Une fillette garçonne s’entend reprocher son goût pour les faciles vêtements masculins. Une autre, complètement tarte, minaude comme elle l’a appris.
Jeunes femmes, elles continuent, mais avec quelques éclairs de conscience de ce qui ne va pas. Cependant, il faut une explosion d’agacement pour faire réagir la mère débordée par les tâches ménagères, dont la préparation de la purée de bébé, et pour casser son sourire obstiné. Trentenaires, elles disent plus posément leurs expériences, prennent une distance qui pourra être enfin libératrice. A la fin, quatre tambours descendent des cintres, et le spectacle se termine dans un roulement de tonnerre.
Du début à la fin, le ton est protestataire, jamais pleurnicheur C’est brillamment exécuté. Les comédiennes réussissent un exploit théâtral : divertir des spectateurs un peu gênés de s’entendre rire – les hommes, au moins.
L'Union

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