Prendre un ton grave pour un sujet grave :
Pauline Bureau a écarté cette option en mettant en scène « Modèles ».
Le sombre sort fait aux femmes est illustré par un spectacle en forme de revue,
menée rondement. En textes, saynètes et chansons, quatre comédiennes jouent des
scènes d’impuissance et d’humiliation, avec une vigueur qui ne faillit pas. Souvent,
elles se tiennent simplement ensemble au devant de la scène, et
racontent : chaque fois, les trois autres écoutent, avec bienveillance et par
solidarité.
Petites filles, jeunes femmes, trentenaires, ces femmes se
trouvent confrontées aux schémas de soumission, de faiblesse,
d’irresponsabilité et de trivialité que leur imposent les hommes. Une fillette
garçonne s’entend reprocher son goût pour les faciles vêtements masculins. Une
autre, complètement tarte, minaude comme elle l’a appris.
Jeunes femmes, elles continuent, mais avec quelques éclairs
de conscience de ce qui ne va pas. Cependant, il faut une explosion d’agacement
pour faire réagir la mère débordée par les tâches ménagères, dont la préparation
de la purée de bébé, et pour casser son sourire obstiné. Trentenaires, elles
disent plus posément leurs expériences, prennent une distance qui pourra être
enfin libératrice. A la fin, quatre tambours descendent des cintres, et le
spectacle se termine dans un roulement de tonnerre.
Du début à la fin, le ton est protestataire, jamais
pleurnicheur C’est brillamment exécuté. Les comédiennes réussissent un exploit
théâtral : divertir des spectateurs un peu gênés de s’entendre rire – les
hommes, au moins.
L'Union
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