24/08/2005

Emmanuel Hart gère les conflits à La Berque



Caresser le museau des chevaux, regarder la maîtresse de maison ramasser les œufs dans son tablier relevé, ou suivre le long ruban vert du sentier pédagogique, ces à-côtés d’un séjour au gîte de « la Berque » à Nampteuil-sous-Muret s’accordent généralement avec les occupations des groupes.
Mais le choix de ce lieu par Emanuel Hart pour animer un séminaire sur l’eskrima, art martial venu des Philippines, crée un contraste avec le cade campagnard. La méthode se caractérise par le maniement d’armes, dagues et épées.
Emanuel est né aux Etats-Unis à une époque où le mouvement hippie cherchait à secouer les rigidités sociales. Sa mère faisait partie de « the Farm », une communauté qui voyageait dans des bus aménagés, se spécialisant dans des techniques d’ « accouchement spirituel ». Le groupe s’est installé ensuite dans le Tennessee, où ses sages-femmes proposent encore leurs services.
Malgré les principes pacifistes, Emanuel aurait subi des brutalités et, jeune noir dans cet état du Sud, il semblait être sur une mauvaise pente. « A ce moment, j’ai connu eskrima via mon frère, et me suis dit que c’était quelque chose pour moi. » Cet engagement le met sur un tout autre chemin.
Emanuel a fait plusieurs voyages en France avec son Maître, Mike Inay, dans les années 90. « A sa mort, les gens se sont tournés vers moi En 2001, j’ai tout vendu en Californie et j’ai acheté un aller simple pour Paris. » Il y devient animateur de séminaires, et épouse Sophie, ,ée et qui a grandi à Paris. Leur fils de trois mois, Marvin Anoki, couché sur la terrasse du gîte, assiste aux combats.
Deux par deux, la vingtaine d’homme et deux femmes répètent des séries de gestes de défense et d’attaque avec un bâton, jusqu’à acquérir des réflexes. « L’eskrima donne un schéma pour l’autodéfense, assure un choix dans la manière de répondre à une agression. La coordination interne se crée, et vous arrivez même à comprendre les relations entre les gens. »
Comment trouve-t-il le pays de Soissons ? « Je ne suis pas allé plus loin que ce mur-là » admet-il, « sauf pour faire du tir à l’arc à Chacrise. Mais j’ai grandi à la campagne et j’en garde une nostalgie. J’ai cherché ailleurs, mais ici nous pouvons nous exercer sans être interrompus. »
La conversation a lieu en anglais, car Emanuel ne parle pas français. Sa voix est disciplinée, ses mouvements lisses, reflétant la maîtrise acquise par la pratique de l’eskrima et en se pliant à ses exigences. Sophie lui sert d’intermédiaire pour les échanges avec le grouope.
Les affrontements que l’eskrima entend gérer sont sensibles dans l’attitude et le regard des stagiaires. Emanuel reconnaît que la volonté de gérer les conflits peut cacher un grût pour la bagarre. Il refuse beaucoup de demandeurs.
« L’eskrima peut permettre d’atteindre un autre niveau de conscience, plus élevé. » Emanuel aspire à cette ambition « New age » en maniant une arme, sans nier que d’autres y arrivent par leur propre chemin. La réussite d’Emanuel est d’intégrer sa quête d’absolu dans la douce agitation de basse-cour qui l’entoure.
L’Union

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