17/08/2005

David, la gastronomie végétalienne – et les foulards soissonnais

David Way à la Hottée du Diable, Fère-en-Tardenois
Il y a une vingtaine d’années, David Way est tombé du toit d’un clapier, et a fini son premier voyage en France aux Urgences à Soissons. Ayant de la famille ici, il est revenu cet été, une cicatrice en virgule encore sur la tempe gauche.
David vit à Vancouver, ville spectaculaire sur le Pacifique, où des gratte‑ciel se font tout petits au pied des Rocheuses enneigées. Son père est né en Afrique du Sud, sa mère est irlandaise du Nord.
Il arrive via le Québec où, canadien anglophone, il s’efforçait d’apprendre le français. « Les Québécoises, comme les femmes ici, » dit‑il « s’habillent mieux qu’à Vancouver, où elles sont presque aussi mal habillées que les hommes. » Il donne en exemple « la façon dont les femmes en France portent les écharpes, non pas pour la chaleur, mais pour s’orner ». Il fait remarquer comment les femmes utilisent ces accessoires pour jouer au cache-cache avec leur silhouette, dans la rue, au café, à l’accueil de l’Union.
Tout jeune, David a pris cause pour l’environnement, et contre les politiques – économiques ou politiques ! – qui le mettent en danger. Il est président d’Earthsave Canada, qui attire l’attention sur les conséquences de nos choix alimentaires. Lui‑même végétalien (ni viande ni produit laitier), il fait campagne, non pas en insistant sur la souffrance animale, mais en faisant goûter des plats si succulents que les consommateurs en oublient de rester carnivores.
Son sport préféré est l’escalade. « Au lieu de te mesurer aux autres, tu fais face à tes propres défis. Tu peux choisir chaque fois un chemin plus ardu pour arriver en haut. »
David mène sa vie avec un seul rein. Le jour de ses trente ans, il a fait don de l’autre à son frère Brian, qui souffrait d’une grave insuffisance rénale.
Il est professeur de mathématiques dans un collège de Vancouver. Mais les théorèmes et les équations ne se bousculent guère sur son tableau noir. Un de ses outils est une fleur de tournesol. « Treize spirales de graines partent de son centre dans une direction, vingt‑et‑une dans l’autre. Or, ces valeurs appartiennent aux séries Fibonacci, qui obéissent à la règle du Nombre d’Or. » Du coup, ses cours englobent l’architecture, l’esthétique et les lois de l’univers. En dehors de sa classe, il fait son possible pour engager les élèves dans le ménagement de leur environnement.
Militant végétarien, altermondialiste, pédagogue, toutes ses ferveurs passent par la parole. Mais David n’assène pas des arguments : le regard bleu fixé sur son interlocuteur, il adore raconter, ses expériences, des anecdotes, ses théories, même des blagues. C’est peut‑être pour avoir hérité avec le sang maternel l’attachement irlandais au verbe. Plaisirs de parler et d’écouter, dont celui, légitime, d’entendre sa propre voix !
L’Union

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