David Way à la Hottée du Diable, Fère-en-Tardenois |
Il y a une vingtaine d’années, David
Way est tombé du toit d’un clapier, et a fini son premier voyage en France aux
Urgences à Soissons. Ayant de la famille ici, il est revenu cet été, une
cicatrice en virgule encore sur la tempe gauche.
David vit à Vancouver, ville
spectaculaire sur le Pacifique, où des gratte‑ciel se font tout petits au pied
des Rocheuses enneigées. Son père est né en Afrique du Sud, sa mère est
irlandaise du Nord.
Il arrive
via le Québec où, canadien anglophone, il s’efforçait d’apprendre le français.
« Les Québécoises, comme les femmes ici, » dit‑il « s’habillent
mieux qu’à Vancouver, où elles sont presque aussi mal habillées que les hommes. »
Il donne en exemple « la façon dont les femmes en France portent les
écharpes, non pas pour la chaleur, mais pour s’orner ». Il fait
remarquer comment les femmes utilisent ces accessoires pour jouer au
cache-cache avec leur silhouette, dans la rue, au café, à l’accueil de l’Union.
Tout
jeune, David a pris cause pour l’environnement, et contre les politiques –
économiques ou politiques ! – qui le mettent en danger. Il est président
d’Earthsave Canada, qui attire l’attention sur les conséquences de nos choix
alimentaires. Lui‑même végétalien (ni viande ni produit laitier), il fait
campagne, non pas en insistant sur la souffrance animale, mais en faisant
goûter des plats si succulents que les consommateurs en oublient de rester
carnivores.
Son sport
préféré est l’escalade. « Au lieu de te mesurer aux autres, tu fais
face à tes propres défis. Tu peux choisir chaque fois un chemin plus ardu pour
arriver en haut. »
David mène
sa vie avec un seul rein. Le jour de ses trente ans, il a fait don de l’autre à
son frère Brian, qui souffrait d’une grave insuffisance rénale.
Il est
professeur de mathématiques dans un collège de Vancouver. Mais les théorèmes et
les équations ne se bousculent guère sur son tableau noir. Un de ses outils est
une fleur de tournesol. « Treize spirales de graines partent de son
centre dans une direction, vingt‑et‑une dans l’autre. Or, ces valeurs
appartiennent aux séries Fibonacci, qui obéissent à la règle du Nombre d’Or. »
Du coup, ses cours englobent l’architecture, l’esthétique et les lois de
l’univers. En dehors de sa classe, il fait son possible pour engager les élèves
dans le ménagement de leur environnement.
Militant végétarien,
altermondialiste, pédagogue, toutes ses ferveurs passent par la parole. Mais
David n’assène pas des arguments : le regard bleu fixé sur son interlocuteur,
il adore raconter, ses expériences, des anecdotes, ses théories, même des
blagues. C’est peut‑être pour avoir hérité avec le sang maternel l’attachement
irlandais au verbe. Plaisirs de parler et d’écouter, dont celui, légitime,
d’entendre sa propre voix !
L’Union
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